Le pouvoir de transition au Mali se donne vingt-quatre mois avant de laisser la gestion du pays aux civils. La décision fâche davantage la CEDEAO qui estime trop longue cette période de transition politique.


Les militaires au pouvoir à Bamako ne passeront pas de sitôt le pouvoir aux civils.  Le Colonel Assimi Goïta vient de signer un décret qui prévoit la durée de la transition politique au Mali à 24 mois, soit deux ans. Cette période court du 26 mars 2022 au 26 mars 2024.  Le communiqué relatif à cette décision a été rendu public par le ministre de l’Administration Territoriale, le Colonel Abdoulaye Maïga, porte-parole du gouvernement en place.

D’après plusieurs observateurs de la scène politique internationale, les militaires sont décidés à tout remettre en ordre, à redresser l’économie du pays et neutraliser les groupes djihadistes avant de remettre le pouvoir aux civils qui dit-on, ont tendance à laisser le pays croupir sous le poids des traités coloniaux et la domination française. D’autres soutiennent qu’il ne saurait s’agir d’une tentative de défiance de la CEDEAO, mais d’une volonté des militaires au pouvoir de redresser le pays.  D’aucuns estiment que face aux « manigances » de la puissance métropolitaine qui s’entête à ne pas changer sa politique ou à revoir ses méthodes de coopération avec les pays africains, il faut un sursaut d’orgueil pour voir le Mali sortir du joug colonial. Les civils qui, pour se maintenir au pouvoir, estiment toujours que leur protection n’est assurée que par les pays occidentaux, balaient généralement d’un revers de la main l’idée selon laquelle, aucun pays étranger ne viendra développer l’Afrique surtout l’Afrique subsaharienne. Certains hommes en tenue qui ne digèrent plus cet état de choses, qui n’acceptent plus que leurs chefs d’Etats continuent de jouer les marionnettes, sont montés au créneau pour tenter de redonner à leurs pays respectifs, un peu de dignité. C’est donc le cas du Mali.

Cette argumentation somme toute logique, semble ne pas être accepter par la CEDEAO. L’organisation sous régionale qui veut avoir les civils aux affaires, souhaite que cette transition de 02 ans soit revenue. Les deux parties ne pouvant s’accorder, restent chacune dans sa position. Si pour la CEDEAO, il faut rapidement organiser les élections, pour les militaires au pouvoir, il est question d’ordonner les affaires du pays, de sortir le Mali de l’oppression française.

Interminable débat


La transition politique au Mali fait toujours l’objet de moult discussions entre les responsables de la CEDEAO et les militaires au pouvoir à Bamako. En effet, Dans l’attitude du Colonel Assimi Goïta, d’aucuns lisent une volonté manifeste de remettre le pouvoir aux civils après avoir atteint son objectif, celui de rendre le Mali libre de toute oppression étrangère. Raison pour laquelle, il estime que deux ans sont suffisants pour son staff. Soutenu par le peuple, la vision de cet homme d’armée est saluée par les populations qui semble-il, n’ont jamais accepté voire leur pays sombré dans les méandres d’une nouvelle colonisation économique.

La CEDEAO qui lutte contre les coups d’État dans la sous-région, a infligé de lourdes sanctions économiques au Mali. Des sanctions qui visiblement ont durci le ton de part et d’autre sur le calendrier électoral acceptable pour tous. Au mois de mars 2022, la CEDEAO avait exigé aux autorités maliennes de tout mettre en œuvre pour que les élections libres et transparentes soient organisées dans un délai de 12 à 16 mois. Cette exigence a accouché d’une souris. Toutefois, les négociations se poursuivent. La CEDEAO selon plusieurs sources concordantes, ne croisera pas les bras tant qu’elle n’a pas obtenu un calendrier électoral qui raccourcit la période de la transition. L’affaire s’annonce riche en rebondissements.

 

Jean Baptiste Bidima

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