Djadaï Yacouba, le patron de cette circonscription administrative a pris le 27 juillet dernier « un arrêté portant fermeture de toutes les sociétés minières en activité à Kambele-Batouri ». Les Populations de cette partie du pays travailleurs de ces sociétés sont aux abois.
Selon l’autorité administrative, la décision a été prise «sur instructions du gouverneur de la région de l’Est» pour «des nécessités de protection des vies humaines et de l’environnement». Le Préfet du département de la Kadey a fait savoir que cette décision était motivée par «des morts récurrentes de personnes par noyade du fait de la non fermeture des trous miniers après exploitation ; des morts récurrents par éboulement du fait du non-respect des normes d’exploitation minière ; la menace de la dégradation de la route nationale n°10, au PK 44+820 du fait de l’obstruction du lit du cours d’eau par des coulées boueuses». En effet, les données de l’organisation à but non lucratif Forêts et développement rural (Foder) qui mène depuis 2015 un projet de gouvernance minière dans les régions de l’Adamaoua et de l’Est du pays, font savoir qu’ « une dizaine de sociétés sont impliquées et quelque peu responsables des centaines de morts répertoriés. Il s’agit des structures Dynastie Mining, Mme Lu, Wang, Phoenix Mining, « Chinois », Southland Mining, HMC Mining, Hong-Kong Mining, C&K Mining et Scem.»
Il est à noter, à la lumière de cette source, que «de 2014 au 30 avril 2021, l’on a enregistré 157 morts dans les chantiers miniers de l’Est». On dénombre 29 décès enregistrés au cours de cette période pour le département de la Kadey qui est de ce fait le deuxième plus meurtrier, derrière le Lom-et-Djerem qui en compte 120. Ainsi, si on ajoute les huit morts récents de Bélita 2 et les deux de Kambele en juin 2022, le nombre de décès de la Kadey passe officiellement à 39 morts. Selon le rapport du Foder, « ces décès sont dus aux noyades (56%), éboulements de terrain (26%) et braquages à main armée (11%).» C’est donc une localité à haut risque qui devait à coup sûr, susciter l’attention des pouvoirs publics face à ces entreprises qui sont chargés d’enrôler au quotidien les riverains de cette zone en vue d’intensifier leur activité.
Un coup de semonce sur les emplois
Vaste de 109 002 km², la Région de l’Est est la plus vaste du Cameroun. Elle couvre presque 1/3 du territoire national. C’est également la Région ayant la plus faible densité démographique, en moyenne 7,4 habitants/km² (FEICOM, 2013). Malheureusement la majeure partie de cette population est enrôlée dans des chantiers d’exploitation minière au détriment des activités agricoles et d’autres secteurs d’activité. Une situation qui est à l’origine du manque de certains produits dans la localité. Néanmoins, le travail dans les mines était devenu pour ces populations, une seconde nature. Les pouvoirs publics devront penser à financer d’autres projets dans ce département dans l’optique de réorienter les anciens travailleurs des mines.