A l’occasion de la célébration de la journée mondiale de la santé mentale à l’hôpital Jamot au lieu dit « Village de l’amour » ce 11 octobre, les pensionnaires de cette communauté ont présenté leur savoir-faire et ont profité de l’occasion pour faire un plaidoyer en vue d’une diversification des offres de formations.
Le Cameroun s’est associé à la communauté internationale pour commémorer la 32ème édition de la santé mentale qui se célèbre cette année sous le thème : << La santé est un droit humain universel >>. Le projet » village de l’amour « est une initiative mise en oeuvre en 2021 par la communauté urbaine de Yaoundé en collaboration avec l’hôpital Jamot pour une prise en compte des personnes errantes et abandonnées dites « Pammés ».
Ces gardiens des rues communément appelés fou ou folles sont conduits au village de l’amour où ils reçoivent des soins de santé gratuit, une nutrition et une prise en charge par des personnels soignants bénévoles. Le village de l’amour a accueilli jusqu’à ce jour 540 personnes dont 250 ont rejoint leurs familles et poursuivent leurs activités. Ce projet fait face à de nombreuses difficultés notamment l’insuffisance de locaux pour accueillir une grande quantité de personnes errantes, les denrées alimentaires pour leur nutrition …
Au rang de ces difficultés s’ajoute la question de l’insertion socio-professionnelle de ces nouveaux acteurs. Un véritable chemin de croix auquel se livrent les pâmés de retour à la vie normale. << Qu’allons nous devenir à la sortie du village de l’amour ?>> est la question qui taraude les esprits de ceux-ci.
Beaucoup de familles peinent à récupérer les leurs qui étaient des anciens fous ou folles au risque de faire face à leurs dégâts. Ces rebuts de la société rencontrent de réelles difficultés à s’insérer à nouveau dans la société. Pour pallier à cette situation, le personnel de la communauté du village de l’amour a procédé par des offres de formations aux petits métiers parmi lesquelles la fabrication des savons, des baumes, des colliers et bien d’autres. Ces formations organisées au sein de leur communauté ont pour but de leur permettre de développer des activités génératrices de revenus à la fin du processus de traitement en vue d’une réinsertion socio-professionnelle. Bien que cette action soit louable et même un début de solutions pour la réinsertion sociale des anciens malades mentaux, il convient tout de même de préciser que ces formations demeurent insuffisantes pour que ces derniers s’intègrent véritablement dans la société.
La nécessité des formations adaptées aux mutations du monde: Une réponse efficace pour la réinsertion socio-professionnelle des anciens malades mentaux.
Bien qu’importantes, il faut reconnaître que les formations proposées au sein du village de l’amour sont réductives. En réalité, ces offres faites au minima réduiraient leurs apprenants une fois sortis à une production rudimentaire et ne leur permettent pas de véritablement sortir la tête de l’eau. De manière triviale, à quoi peut véritablement servir le revenu d’une vente minimale de savons pour la réinsertion socio-professionnelle d’un ancien malade mental étant donné qu’ils ne peuvent pas concurrencer les entreprises de cosmétiques bien installées? Il est question de les orienter dans des formations où ils n’auront plus à faire à la rue au risque de développer des stigmates et retourner à la case de départ.
Il faut privilégier des formations de menuiserie, d’hôtellerie, de secrétariat bureautique, d’infirmerie pour ceux qui ont un background consistant.
Par Raissa FOUDA