Une référence dans la rééducation et la réinsertion des jeunes en voie de perdition dans la sous-région Afrique centrale. Le centre en question s’occupe de la resocialisation des enfants inadaptés, les mineurs en conflit avec la loi ( délinquants) et ex-enfants de la rue. A la découverte de l’Institution Camerounaise de l’Enfance (ICE) de Bétamba, c’est dans cette interview accordée à la Crème hebdo par le Directeur dudit centre, Mathieu Meyeme.
Mathieu Meyeme bonjour !
Bonjour Jean Blaise Abobo.
Pouvez-vous nous présenter en quelques mots, l’Institution Camerounaise de l’Enfance de Bétamba dont vous avez la lourde responsabilité ?
L’institution Camerounaise de l’Enfance de Bétamba est un centre de rééducation qui encadre 03 types de cibles essentiels. Nous avons les mineurs en conflit avec la loi (délinquants), les enfants inadaptés et les ex-enfants de la rue. L’ICE au plan historique est un centre qui existe depuis 1952. C’est-à-dire dire avant l’indépendance du Cameroun. Le centre a été rétrocédé à l’Etat en 1968 avant d’être réorganisé en 1973 et inauguré officiellement le 19 mars 1974 par l’actuel Chef de l’État alors Secrétaire général à la Présidence de la République. C’est un centre de rééducation par excellence en Afrique centrale. Et je voudrais préciser que nous sommes entrain d’expérimenter en ce moment la formation des formateurs parce qu’en ce moment à l’ICE, nous avons le centre sous régional de spécialisation en éducation spécialisée. C’est un campus qui est déjà prêt et qui va accueillir dès la rentrée académique prochaine, les apprenants qui viendront de toute l’Afrique pour étudier. C’est vous dire combien c’est un pôle de développement au plan éducatif.
Alors combien d’ateliers de formation comptez-vous ?
Nous avons actuellement 06 ateliers de formation qui marchent bien. Nous avons la mécanique automobile, la menuiserie-bois, l’électricité, la maçonnerie, l’informatique, la cuisine et restauration et puis la nous avons la mécanique de fabrication.
Et vous parvenez à vous en sortir avec ces enfants peu ordinaires ?
On dit souvent de nous que nous faisons un peu de sorcellerie. En réalité, nous utilisons des pratiques éducatives. Nous avons plein d’éducateurs qui ont été formés à la tâche. Et il faut dire que la rééducation de situe entre pédagogie et psychothérapie. Généralement, quand un enfant arrive, nous faisons une évaluation de comportement. Nous essayons de savoir ce qui l’a amené dans la délinquance. Nous posons un diagnostic qui va nous permettre de solutionner son problème pendant 03 ans.
A base des formations reçues, est-ce qu’ils s’en sortent ?
Oui pour la plupart. Je voudrais mettre une emphase sur l’école parce que, nous avons une école primaire à cycle complet. C’est une école qui fait du rattrapage scolaire. Dans cette école, nous ne recherchons pas l’excellence. L’idéal c’est que l’enfant qui sort de la rue par exemple, qui n’a jamais été à l’école sache au moins lire et écrire avant de rejoindre un atelier de formation puisque les enseignements se font en français et par écrit . Je rappelle que cette année, le premier de la région du Centre au concours d’entrée en 6e est un enfant de cette école.
Quelles sont donc les difficultés auxquelles, vous faites face au quotidien ?
Les difficultés sont de divers ordres. La difficulté majeure c’est que nous sommes situés à 6 km de Ntui sur une route non bitumée. Pour rallier Bétamba à partir de Ntui, c’est pratiquement un chemin de croix. Nous interpellons les pouvoirs publics pour nous sortir de cet enclavement surtout que plusieurs apprenants africains viendront pour y étudier. Cela pourrait bien les décourager.
L’autre problème, c’est quand ils ne mangent pas à temps. Ils deviennent difficiles à conseiller.
Mathieu Meyeme, Directeur de l’Institution Camerounaise de l’Enfance de Bétamba, je vous remercie.
C’est moi qui vous remercie pour cette opportunité que vous m’offrez pour présenter l’ICE aux populations Camerounaises et africaines.
Propos recueillis par JB Abobo