Flambée des prix : »La farine, le riz poisson, le ciment, les tôles, la peinture. Je vais te citer quoi et laisser quoi ?… »

On dirait que les opérateurs économiques et les commerçants n’attendent toujours qu’une occasion se présentent pour procéder à la surenchère. Avec la pandémie à coronavirus, l’Etat camerounais éprouve de plus en plus des difficultés à contrôler le marché voire à maîtriser les opérateurs économiques et les commerçants. La hausse des prix est générale. Les multiples efforts du ministère du commerce et  coups de poings de la Brigade Nationale des Contrôles et de la Répression des Fraudes sont perçus comme un coup d’épée dans l’eau.

Pénurie artificielle

« Si on t’explique le Cameroun et que tu dises, j’ai compris. C’est que, en fait, tu n’as rien compris », c’est devenu un adage populaire comme pour dire que, personne ne peut comprendre ce qui se passe réellement à l’heure actuelle. Les produits de première nécessité voire de grande consommation ne sont plus à la portée du Camerounais moyen. Il en est de même des produits vivriers . Depuis la survenance de la pandémie à coronavirus, les ménages payent le lourd tribut des effets collatéraux : « Avant, je pouvais me battre au marché avec 2500f. Maintenant, même avec 5000f, j’ai des maux de tête. Un tas de manioc à 2000 f, poisson en tas 2000f,  parce que là, on évite déjà les poissonneries. Il reste 1000 f. C’est avec ça que tu dois acheter tous les autres condiments. Si tu prépares au bois . Ça se complique davantage.   C’est le riz qui nourrit les camerounais maintenant », fait savoir  Blandine ménagère.   Pour Alexandrine, détentrice d’une petite boutique au quartier Ayene,   il s’agit d’une volonté de nuisance des opérateurs économiques et des commerçants. « Je peux vous assurer que, les grossistes cachent les produits pour créer la pénurie. Nous sommes ici devant Sorepco au carrefour Coron  non? Entre un peu là  et tu vois. Il y a à peine 05 sacs de riz là dedans. Quand tu achètes un sac, on t’envoie un peu plus en haut làbas, c’est là qu’on va te livrer le sac de riz. Dans cet entrepôt , tu regardes, tu ne vois que le matériel de construction, tu poses la question que le riz ci viendra d’où. Tu vois qu’en même quelqu’un qui arrive enfin avec ton sac de riz. Tu te demandes que le riz ci fait quoi derrière les tôles, ciment, carreaux, fer à béton. Un entrepôt doté des matériaux de construction se trouve dissimulé le riz. Tu penses que la Brigade du ministère du commerce peut savoir que c’est comme que l’on procède ici ?Des gens comme ça, il faut les dénoncer. En achetant mon riz, je ne pouvais pas imaginer que c’est dans un entrepôt de matériels de construction que mon riz sera retiré »

On dirait bien que tous ces grands commerçants se sont passés la formule de la surenchère en cette période de covid-19. C’est d’ailleurs devenus la chanson de tous. Les entrepôts que l’on voit,  ne sont que la face cachée de l’iceberg. Les véritables sont cachées et ne fonctionnent désormais que la nuit selon pierre Bilongo , détaillant de poisson au marché Mvog-Mbi à Yaoundé : «  C’est la nuit qu’on sort dans les camionnettes,  la petite quantité qu’ils vont vendre le matin. Et le matin, on se bouscule avec les ménages. On est obligé de prendre pour aller revendre en tas. Le poisson ne manque pas hein, ils font çà expresse. La nuit, nous voyons d’où ce poisson sort non ? Et après , ils vont se lever et accuser l’Etat. Si les gens vivent mal, c’est eux ».  Nicaise, vendeuse de poisson braisé, interrogée est amère dans ses propos «  Tu vois les petits maquereaux ci ? Nous trois là, on a cotisé pour acheter le carton que tu vois là. On est maintenant obligé de cotiser pour se partager. Quand on va l’ouvrir , non attend, tu vois ».  Le partage est engagé. Les trois braiseuses se courbent chacune prenant un poisson de son choix ; tout un cycle jusqu’au dernier poisson : «  Avec ça , comment les émeutes de la faim de 2008 ne vont pas se répéter. Les grossistes ne regardent que leurs intérêts . Avec le Corona, c’est devenu pire ».

 Danger dans les ménages

La flambée des prix sur le marché frappe de plein fouet les ménages. Difficile de joindre les deux bouts : «  Je ne sais plus quoi faire. Au marché, le tas de manioc de 200 f est aujourd’hui à 500 f. Celui de 500f est à 1000 f, celui de 1000 f est à 2000f. Pour quelle quantité ?  Tout a augmenté de prix.   La farine, le riz poisson, le ciment, les tôles, la peinture. Je vais te citer quoi et laisser quoi ?  Rien ne manque pourtant. Ils font çà expresse. Mais je leur dit. L’argent gagné malhonnêtement est un venin. Si vous voulez je vous donne mon identité, allez leur dire ça. Trop, c’est trop. On cache les produits pour augmenter les prix ? Des gens sans cœur comme ça ». A l’allure où vont les choses, l’on se pose bien la question de savoir , pour combien de temps, les populations vont encore supporter cette situation.

Nous y reviendrons…

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