Alors que l’inflation des prix des produits de première nécessités reste perceptible dans le pays, le gouvernement camerounais se targue d’avoir la situation en main.
La conférence de presse conjointe tenue le 10 août 2022, par quatre membres du gouvernement (le ministre de l’eau et de l’énergie Gaston Eloundou Essomba ; le ministre de l’agriculture et du développement rural Gabriel Mbairobe ; le ministre du commerce Luc Magloire Mbarga Atangana et madame le ministre de la recherche scientifique et de l’innovation Madeleine Tchuente, représentée), autour du ministre de la communication semble avoir été plus un leurre qu’une lueur. La grogne face l’inflation des prix de certains produits de première nécessité continue de se faire entendre dans les familles et dans les marchés de la cité capitale. Une situation qui va de mal en pire depuis la résurgence de la pandémie de covid-19 en mars 2019 jusqu’à l’explosion de la crise russo-ukrainienne. Le gouvernement de Yaoundé se félicite pourtant de maitriser la situation. Dans son mot de circonstance, René Emmanuel Sadi, ministre de la communication déclare : « Le coût de la vie s’en ressent, bien évidemment, dans presque tous les secteurs d’activités, mais, il faut le dire, dans des proportions qui sont, de l’avis d’observateurs avisés, moins désastreuses, comparativement à nombre d’autres pays. » S’il est vrai que le pays reste débout malgré ces zones de turbulences, la patience et l’endurance des camerounais semblent être le secret.
Depuis des lustres des slogans et récit annonçant la mise en place d’une recette devant permettre la résilience de l’économie camerounaise ont été chantés sur tous les toits sans effets palpables. D’ailleurs le porte-parole du gouvernement n’a pas manqué de reprendre le vœu cher au Président Paul Biya selon lequel nous devons « consommer ce que nous produisons et produire ce que nous consommons ». Un vœu qui peine pourtant à être matérialisé.
Le Cameroun toujours dépendant des importations
La majeure partie des politiques de production du pays sont éloquentes mais irréaliste à cause de la corruption, du favoritisme et du trafic d’influence ayant élu domicile dans le pays. Parlant du secteur agricole, les orientations du pays en la matière consistent en la mise en place des entreprises agroalimentaires à forte production qui devraient employer de milliers de de travailleurs. A côté de ceci, les pouvoirs publics camerounais compte encourager de nombreux jeune à pratiquer des activités agricoles en les garantissant des financements. Une vision qui pourrait à coup sûr impulser la croissance économique du pays si elle avait rencontré une volonté manifeste.
Parlant de l’agro-alimentaire, les entreprises mises en place à cet effet peinent à atteindre leurs objectifs. A cause de la crise séparatiste qui sévit dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, la Cameroon Development Corporation (CDC) grande entreprise publique et plus grand exportateur des produits du pays a vu ses activités ralentir et sa production chuté du fait de ce conflit. La santé économique de la SOCAPALM, la SODECOTON et bien d’autres entreprises de l’Etat n’est pas reluisante. L’Institut de Recherche Agronomique pour le Développement (IRAD) pour sa part se limite à la production des semences améliorées sans se livrer à une véritable activité agricole pouvant constituer une unité de production.
Par ailleurs, le financement des jeunes dans la pratique de l’agriculture ne semble pas porter ses fruits. Le gouvernement camerounais à travers le ministère de l’Agriculture et du Développement Rural a mis en place plusieurs projets visant à promouvoir l’agriculture en milieux jeunes, malheureusement le résultat escompté ne semble pas atteint jusqu’ici. Plusieurs raisons sont soulevées. Certains indexent des bénéficiaires fictifs, le manque d’accompagnement technique de ceux ayant des surfaces. Autant de difficultés et de réalités dont le gouvernement a perdu de vue dans sa récente sortie. Pour contenir l’inflation dans le pays parlant de certains produits, le pays devra accroitre sa production interne en apportant des solutions réelle aux problèmes internes et en accordant plus d’attention à l’entrepreneuriat jeune. Jusqu’ici le ver est loin d’avoir quitté le fruit.