Face à un tableau paradoxal sur la question des télévisions panafricaines, la question peut se poser et même s’envisager au vu de ce qui précède et qui a mis en exergue les faiblesses des télévisions nationales africaines.
L’on pourrait raisonnablement se dire que peut être en mettant en commun le peu de ressources disponibles dans chaque établissement audiovisuel public, les africains s’en tireraient à bon compte dans le concert international de la communication. Malheureusement, une telle idée parait sinon surréaliste, du moins difficile à faire aboutir, du fait de trop de particularisme. En vérité l’on devrait plutôt parler des « Afriques » pour designer ce continent ou aucun état ne ressemble à l’autre.
Particularismes linguistiques d’abord. L’un des principaux obstacles au développement de la communication sociale en Afrique demeure la diversité linguistique. Les états éprouvent déjà moult difficultés à diffuser des programmes en langues nationales, vu leur nombre élevé. Au Cameroun on en dénombre près de 236, donc beaucoup qui ne sont pas écrites, un véritable label. Techniquement, une diffusion multilingue n’irait pas sans poser de nombreux problèmes, la langue étant le meilleur vecteur de la culture, la diversité linguistique aussi pose aussi le problème de la conception de l’information. Celle des francophones est différente de celle des anglo-saxons.
Bien plus, une télévision est un élément de souveraineté, au même titre qu’une monnaie ou qu’une armée. Renoncer à sa télévision nationale, pour tout dirigeant national, reviendrait du même coup à renoncer à son indépendance. Les africains sont trop différents les uns des autres, d’un point de vue historique, culturel, politique et social, et les gouvernements accepteraient difficilement de céder leur pouvoir de contrôle a une instance sur laquelle ils n’auraient pas d’emprise. Doit-on pour cela se résigner ?
Bien sûr que non. Une première planche de salut pour les africains réside dans les coproductions. Celles-ci doivent se faire entre télévisions africaines, pour limiter les couts de productions et permettre ainsi aux publics de se voir sur les écrans. Une télévision qui diffuserait dans les principales langues officielles et les plus courantes en Afrique. Cela ne résoudra pas le problème des millions d’Africains qui sont exclu du village planétaire parce que non connecté aux réseaux de diffusions, ce qui entretient la fracture sociale et culturelle. Par ailleurs, ces co-productions demandent des moyens financiers et techniques colossaux que les gouvernements africains ne sont pas disposés à trouver pour le moment. Convaincus qu’ils sont que la communication est un secteur secondaire dans l’ordre de leurs priorités.
En définitive, l’idée d’une véritable télévision panafricaine est tributaire de celle de l’unité des différentes Afriques, et l’avenir des télévisions du continent est certainement dans les coproductions et le partenariat.
Grâce SANI