Ce mot de ralliement que faisait répéter Thomas Sankara à ses militants afin de consolider ses positions anti-impérialistes et panafricanistes revient au-devant de la scène politique de ce pays.
« La patrie ou la mort, nous vaincrons » est en voie de substituer à l’ancienne devise burkinabè : « Unité-Progrès-Justice ». La question a été portée à l’ordre du jour du Conseil des ministres, présidé par le capitaine Ibrahim Traoré le mercredi 21 août 2024. Ces travaux se sont soldés par l’approbation d’un avant-projet de loi constitutionnelle visant à réviser les articles 34 et 147 de la Constitution. Parlant de l’article 34, l’alinéa 4 relatif à la devise nationale « Unité-Progrès-Justice » sera modifié pour adopter la nouvelle devise « La Patrie ou la Mort, nous vaincrons ». Selon le ministre de la Justice et des Droits humains, chargé des Relations avec les Institutions, Garde des Sceaux, Edasso Rodrigue BAYALA : « Ce changement vise à renforcer le sentiment patriotique d’une part, et d’autre part à faire revivre la flamme de l’engagement citoyen, cette même flamme qui éclaire la marche du peuple vers l’horizon du bonheur ».
Une devise qui appelle à la mobilisation tous azimut des citoyens autour d’un pays attaqué sur divers fronts.
Le Burkina Faso est actuellement face à plusieurs fronts dont seul l’esprit patriotique de ses citoyens pourrait lui permettre de tenir la dragée haute à ses ennemis. A l’interne, une horde de terroristes vient de semer une fois de plus le chaos en tuant le 24 août dernier, plusieurs dizaines de personnes, dont des civils, dans le centre-nord du pays. Une source parle de plus de 200 personnes parmi lesquelles des volontaires pour la défense de la patrie (VDP), nom donné aux supplétifs civils qui se battent aux côtés de l’armée dans un élan de solidarité patriotique. A côté de ce champ, il ne faut perdre de vue les luttes anti néocolonialistes dans lesquelles le pays est lancé depuis un certain temps.
Des citoyens conscients que le gouvernement seul ne pourra pas tenir face à ces multiples fronts, pensent que la stratégie d’Ibrahim Traoré est salutaire. Aristide Addi Attiana, cadre au Conseil régional du Centre-sud déclare à cet effet : « J’ai accueilli la nouvelle du projet de loi constitutionnelle portant modification de la devise avec une grande satisfaction. Ce n’est pas en quelque sorte une nouvelle devise mais on revient à notre ancienne devise. Et elle sied avec le contexte actuel de notre pays qui traverse une crise sécuritaire et humanitaire sans précédent. Je crois que les autorités veulent raviver ainsi le sentiment d’attachement profond et de dévouement à la patrie chez l’ensemble de la population. Dans notre contexte actuel, il faut reconnaitre que ce n’est pas uniquement les Forces de défense et de sécurité (FDS) et les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) qui doivent défendre la patrie. Tout Burkinabè est appelé à contribuer à la lutte contre le terrorisme. Je trouve donc que cette devise interpelle, notamment à travers les mots qui la composent ».
La bravoure avec laquelle le Burkina Faso recherche les solutions pour son autonomie et la garantie de sa souveraineté devrait donner matière à réflexion à de nombreux pays africains qui préfèrent se contenter du statut quo oubliant l’adage qui dit que quand le feu brûle chez le voisin, le fait que les flammes n’aient pas encore atteint ton domicile ne te met pas à l’abri du danger.