La Session parlementaire du mois de mars qui donne le ton l’année législative 2024 s’ouvre ce 5 mars 2024 avec comme principal point attractif l’élection des présidents des deux chambres.
Si par le passé l’élection à la tête des deux chambres du parlement camerounais ( Assemblée nationale et Sénat) ne suscitait aucun réel suspension ni aucune incertitude sur le choix des hommes, la session de mars 2024 qui ouvre ses portes ce 5 mars est animée par une ombre d’incertitude, un nuage noir. Le ciel ne paraît pas assez clair pour les habitués incontestés devenus propriétaires Ad Vitam aeternam des perchoirs du parlement devant Dieu et devant les hommes.
Président de la Chambre basse du parlement depuis 32 ans (1992), le député RDPC du Mayo Sava, Cavaye Yeguie Djibril, aujourd’hui âgé de 84 ans arrive à cette session avec plein de casseroles et de cadavres dans son tiroir. Le serviteur fidèle et loyal du Président Paul Biya traîne derrière lui des scandales financiers dans la gestion de l’Assemblée Nationale et qui s’élèvent à des milliards de Francs CFA, les bourdes et les frasques de son directeur de cabinet et beau-fils, l’annulation par la Présidence de la République d’un forum sur la famine dans l’Extrême Nord organisé par Cavaye Yeguie Djibril etc…
À côté de cela, il faut évaluer la valeur politique de l’actuel président de l’Assemblée Nationale à la veille des grands rendez-vous électoraux notamment la présidentielle de 2025. Cavaye Yeguie Djibril est-il encore une valeur sûre, une caution politique pour le locataire d’Etoudi ?
S’il est moins présent sous les feux des projecteurs par rapport à son homologue et congénère, Marcel Niat Njifenji, Président de la Chambre haute du Parlement depuis Juin 2013 (10 ans) brille par son absence justifiée par une possible hospitalisation constante et régulière hors du pays. Âgé de 90 ans et tout premier président du sénat, le sénateur de la région de l’Ouest est moins bavard et n’a jamais manifesté son désir de quitter le perchoir du Sénat.
Caveye Yeguie Djibril et Marcel Niat Njifenji seront-ils reconduits à la tête du parlement ? Leur maintien traduirait simplement le désir du Président Paul Biya de garder tout prêt de lui ses égaux politiques qui pourront certainement lui apporter un soutien consistant en cas de représentation à la tête du pays. À contrario, leur mise à l’écart sonnerait comme un véritable coup politique et un changement de paradigme à moins de deux ans de la présidentielle.
Tout compte fait aucun nom ne circule au sein du parti au pouvoir, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), largement majoritaire dans les deux chambres du parlement.