L’Ethiopie, il faut d abord le rappeler est le seul pays en Afrique à avoir échappé à l’emprise de la colonisation européenne. L’Ethiopie est aussi l’une des nations les plus intéressées à travailler avec la Chine sur le projet de “ The Belt and Road Initiatives (BRI)”; Un plan conçu en 2013 et qui inclut plus de 70 pays avec qui la Chine construit de larges infrastructures. Dans un monde en voie d’être multipolaire, la Chine implémente un model de coopération “gagnant-gagnant” avec pour concept de “manager la pauvreté” qui semble aujourd’hui être supplantée par le désir de mettre fin à l’abjecte pauvreté par le biais du developpement industriel. Depuis quelques années déjà, la Chine met à la disposition de L’Ethiopie des experts, des ressources financières et diplomatiques. Parmi les projets sponsorisés par la Chine, se comptent les 756 kilomètres de jonctions ferroviaires d’ “ Addis-Abbeba -Djibouti”; une trace qui connectera une Éthiopie continentale avec son voisin sur la Mer Rouge permettant ainsi la création d’un corridor industriel. Le projet du Grand Ethiopian Renaissance Dam (GERD) est la vision de Haile Selassie avec l’ assistance des ingénieurs de l Amérique sous JF. Kennedy. Ce projet est tué avec le renversement de Selassie en 1974 pour n’être ravivé qu’en 2011 à travers les efforts soutenus de Sigmenew A. Bekele, un ingenieur et bâtisseur qui a présidé à la construction de plusieurs barrages hydroélectriques en Éthiopie. Il devient le visage du GERD jusqu’à ce qu’il soit trouvé mort dans son véhicule avec une balle dans la tête. Lorsque les bailleurs de fonds occidentaux refusent de financer ce barrage, L Ethiopie invite les Ethiopiens à acheter les 5 milliards de dollars de bonds qu’il decide souverainement d’émettre; quelque peu de la même façon qu’ Abraham Lincoln l’a fait pour financer le Tranconstinental railroad pendant la guerre civile américaine. C’est aussi de cette manière que les Etats Unis ont finance les frais de la deuxieme guerre mondiale. Rappelons ici que le Grand Ethiopia Renaissance Dam sur le Nil Bleu, par ailleurs le plus large projet d’infrastructure sur le continent, une fois achevé devrait générer plus de 6200 megawatt d’électricité pour les 118 millions d’Ethiopiens et pour les 250 millions d’âmes vivant sur la corne de l’Afrique.
La présence chinoise en Ethiopie semble ennuyer les stratèges occidentaux qui sont en train de perdre le Moyen orient, et s’inquièteraient de voir l’Afrique leur échapper devant le model de coopération “gagnant-gagnant” chinois. En mars 2021, l’ Ehiopie et la Chine signent un Memorandum de comprehension visant à protéger les projets d’envergure dans le cadre du BRI. Encore significatif, cest le le 02 Decembre 2021 que le ministre des Affaires Étrangères chinois Wang Yi a rendu visite au Premier Ministre Abiy auquel il a renouvelé la determination de la Chine à défendre la souveraineté éthiopienne. Il dit: “ La Chine n’ interferera pas dans les affaires internes d’autres pays. Nous n’ interfererons pas dans les affaires internes de L’Ethiopie.>> Comme s’il s’addressait à ceux qui semblent vouloir brouiller les relations entre les deux Nations, Wang Yi continue: “ L’amitié Ethio-chinoise est très solide et non brisable.” “N ‘ayant apparemment pas briser ce projet de la BRI au centre du Monde -Ile de Mackinder du fait du support Russe au gouvernement de Bachar El Assad en Syrie, et voyant que la Chine étend sa vision du corridor Commercio-industriel Est-West à travers le Moyen-orient, les mêmes stratèges font déployer en Ethiopie des forces de résistance par l’intermédiaires des rebelles de la Corne de l’Afrique,” conclut le journaliste Canadien Mathew Ehret dans un article consacré à la crise Ethiopienne.
Mais qui sont les Forces de Libération du Peuple Tigrée (FLPT)?
Les FLPT sont un mouvement rebelle visant à déposer le pouvoir fédéral Éthiopien. Ce groupe a été attrapé la “main dans le sac” en train de conduire des atrocités à travers les villes comme Lalibela, Mai Kadra. Ils violent les cessez-le-feu; contiennent dans leur rang des enfants soldats, et travailleraient de près avec des intérêts anglo-saxons désirant le changement de leadership en Ethiopie tels que nous le révèle cette conférence sur Zoom.
Il y a juste un mois, plus exactement en Novembre 2021, le FLPT annoncait la création d’un “Front Unis des Federalistes et Confederalistes Ethiopiens” au National Press Club à Washington DC. Ce nouveau groupe insurrectionnel s’éfforcerait à rallier le plus grand nombre de minorités d’Ethiopie sous une même organisation dans un effort de se donner un semblant de légitimité. Un communiqué de presse de ce groupe dit: “Ce front unis a été formé en reponse aux nombreuses crises auxquelles font face le pays. Pour défaire les effets nocifs du règne d’Abiy Ahmed sur les peuples d’Ethiopie et d’au-delà et en reconnaissant le grand besoin de collaborer et de joindre les forces vers une transition prudente dans le pays”. Au cours de cette conférence de presse, l’ancien ministre Éthiopien des Affaires Étrangères Berhane Genre-Christos menace le gouvernement d’Abiy en disant “Nous essayons de mettre fin à la terrible situation en Ethiopie qui est créée par le simple fait du gouvernement d’Abiy. Ses jours tirent a sa fin”
Quelles leçons Africaines pouvons nous tirer de la crise Ethiopienne?
Les événements qui se deroulent sous nos yeux en Ethiopie nous rappellent la Casamance au Sénégal, le Biafra au Nigéria , La crise du Noso au Cameroun et les chroniques d’instabilités en Centrafrique, au Tchad, et au Congo-Kinshasa. Si les vrais enfants d Afriques fières de leur independence et jaloux de leur liberté décident de prendre en main leur destinée, ils doivent apprendre à travailler dans ce modèle “gagnant-gagnant” avec multiples partenaires dans un monde multipolaire. Un monde multipolaire est un monde propice à l’ émancipation économique , politique et morale des pays africains . Dans un tel monde, le refus de toute allégeance idéologique et le mutlipartenariat sont des principes garantissant plus d’indépendance. Mais en attendant ou en hâtant de la venue d’un tel monde, il y a lieu de rester vigilant; car certains acteurs de la géopolitique veulent faire du monde et de l’humanité leur domaine de souveraineté, en essayant d universaliser les valeurs qui prennent leur source uniquement dans l’experience sociologique d’une seule civilisation.
Ne vous-a-t-on pas dit que le Venezuela tombera sous le mouvement démocratique de Juan Guaido ou que les forces de Navalny ( un raciste patente) deposeraient le système autoritaire de Putin, ou que les Tawain et Hong-Kong gagneraient leur liberté au détriment d’une Chine diabolique. Voilà le monde manichéen auquel des millions d’Africains sont assimilés. L ‘urgence d’une vigilance s‘impose pour éviter la manipulation. Il y a quelques jours, j’écoutais des journalistes de BBC annoncer que des discussions étaient en cours pour évaluer le risque de génocide dans le conflit opposant le gouvernement fédéral éthiopien aux rebelles du Tigrée. Le scenario lybien m’est immédiatement venu en mémoire. Si les Éthiopiens et les autres pays africains ne s’opposent pas à ces mouvements rebelles arborant des manteaux de démocratie, le grand risque est de voir en effets les populations des deux rives de l Atlantique mal informées, qui donneraient leur consentement pour une attaque contre l’Ethiopie comme tel a été fait en Afghanistan ou en Irak, Au nom de la doctrine de “la responsabilité de protéger” ou “ Responsibility to protect” (R2P) les forces étrangères feront en Ethiopie ce que l’administration Obama ou celle de Sarkozy a fait: Trouver un excuse dans la R2P pour renverser Kaddaffi et de ce fait plonger la Lybie dans un chao destructif.
De tous les faits cites ci-dessus peuvent se dégager quelques leçons. D’abord, les pays Africain secoués par des mouvements secessionnistes doivent être éveillés, alertés sur les risques d’instrumentalisation de plus en plus élevés, cecib dans un contexte de tensions géopolitiques. Ensuite, le soulignait d’ailleurs un illustre historien Kényan, qu’il y’a de grands risques pour l’Afrique d’être recolonisée dans vingt cinq ans. Je partage son analyse sur ce propos et suggère que les Africains prennent immédiatement la résolution de ne vendre leur souveraineté, leur liberté, et leur prospérité sous aucun pretexte. Vaudrait mieux être peu nantis et libre et que d être un esclave. Enfin, l’ afrique doit s’ouvrir à tous dans un rapport “gagnant-gagnant”.