A l’exception de la petite classe bourgeoise, les autres strates de la société camerounaise s’apprêtent à passer les fêtes de fin d’année dans la tristesse. Toutes les prévisions faites pour passer les meilleurs moments en familles sont dans l’eau.
La cause fondamentale est dans l’augmentation vertigineuse des prix des produits de grandes consommation voire de première nécessité : « Je ne comprends pas pourquoi, tout est devenu si cher au marché. Les prix ont grimpé depuis quelques temps. Dès que le mois de décembre ci a commencé, tous les prix ont changé. Rendez-vous compte que le kg de bar coûte déjà 3000 FCFA, le mâchoiron 3000, les tilapias 2000, le litre d’huile raffinée à 1500, le sac de riz bijou de 25 kg coûte déjà 13000 et 50 kg c’est 26.000 fcfa à Yaoundé à l’heure actuelle. Avec ces prix, vous pouvez encore fêter comment ? Pour fêter, l’argent n’est pas gardé quelque part dans une banque. L’argent vient de nos cotisations et de nos tontines. On s’organise donc avec le peu que ça donne. Avec ces prix, comment allons-nous faire pour satisfaire les enfants, les parents ou beaux-parents ? Et après les fêtes, il faudra vivre. Tenir jusqu’à la fin du mois de janvier », s’interroge Stéphanie femme au foyer rencontrée marché Mvog-Mbi à Yaoundé. Pour Bernadette, la fin d’année sera morose. Il faut réajuster les plans et programmes élaborés « Moi j’ai prévu aller passer les fêtes de fin d’année au village avec les enfants. Maintenant je ne peux plus. Je dois maintenant prendre l’argent du voyage pour l’affecter à la nourriture. En fait je vais éliminer beaucoup de petites choses comme, la petite sortie en famille, les guirlandes, certains jouets pour renforcer le repas du 24, 25 décembre et du 31 et 1er janvier. On retient l’essentiel et le reste, bon, on s’en passe »
Depuis le début du mois de décembre, le panier de la ménagère a perdu sa consistance. L’on joue serré comme le dise les footballs : « Depuis là, je me pose la question de savoir ce que font les syndicats de consommateurs. La Ligue camerounaise des Consommateurs ne dit mot. Silence de carpe au ministère du Commerce. Silence sépulcral au ministère de la Communication qui en principe devrait déjà monter au créneau pour expliquer aux populations ce qui se passe, pourquoi cette inflation ? Comment le gouvernement compte résoudre ce problème. Il y a quelques jours, on parlait encore de hausse des prix de certains produits, maintenant tout, je dis tout a augmenté et personne n’ose faire une sortie médiatique pour expliquer au public camerounais la raison de cette inflation »
La conséquence du désordre.
Les ménages camerounais souffrent le martyr. Ils payent le lourd tribut de la mésentente entre le gouvernement représenté par le ministère du Commerce et le Groupement Interpatronal (Gicam) qui regorge la plupart des grands promoteurs d’entreprises commerciales. Chacune des parties veut aller au ciel sans mourir. Comme pour dire que chacune des deux parties cherche à faire bonne impression aux yeux du peuple. Pourtant, le mal est si profond qu’on l’on pourrait aboutir aux émeutes de la faim comme en 2008. Le ministre du Commerce semble n’avoir pas suffisamment tirer les leçons de ces émeutes qui ont entrainé des morts et d’importants dégâts matériels.
En fait, le Gicam et le ministre du Commerce n’arrivent pas à s’assoir pour discuter de vives voix afin de trouver des solutions aux problèmes liés au coût des importations. Si pour le Gicam, le fret maritime a augmenté entraînant des effets collatéraux sur le commerce intérieur, il revient aux deux parties d’harmoniser à nouveau les prix homologués. Des prix à la portée du Camerounais moyen.
Chacun fait à sa guise. Chaque camp dit passer à la vitesse supérieure. Le Gicam mettant ses menaces en exécution, le ministère du commerce jouant aux ventes promotionnelles dans la capitale sans se soucier des populations dans les petites villes et campagnes du pays.
Dans ce bras de fer, les ménages subissent sur sérieux coup de massue : « Nous avons vu à la veille de la fête du 15 août (fête de l’Assomption chez les catholiques romains), les équipes de la Brigade de Contrôle et de la Répression des Fraudes du ministère du commerce scellées toutes les poissonneries qui arnaquaient les populations. Mais c’est comme si les deux parties mangent déjà sur la même table. On ne voit plus personne sillonner les marchés. Pourtant, face à ce désordre, on doit voir les sous-préfets, les maires, la Brigade du ministère du commerce travailler en synergie pour veiller au respect des prix homologués en attendant donc que le gouvernement trouvent de meilleures stratégies pour supporter les entreprises qui elles aussi ne peuvent non plus acheter plus cher à l’international pour tourner à perte au plan interne », conclut un acteur polique.