Le débat autour de la forme de l’Etat au Cameroun ne cesse de faire couler beaucoup d’encre et de salives. Les arguments et faits en cours dans le pays visent à démontrer que la situation actuelle est loin de faire l’unanimité.
Le trop centralisme du pouvoir de Yaoundé serait plus une menace à l’Unité Nationale qu’une panacée; peut-on dire au regard de l’actualité ayant cours dans le pays au lendemain de la célébration du cinquantenaire de l’unité nationale. D’ailleurs l’Etat pense résoudre le problème en optant pour la décentralisation du pouvoir central. Face à une « crise anglophone » qui persiste et une décentralisation qui peine à remplir son cahier de charge, la question du fédéralisme de l’Etat Camerounais reste plus que d’actualité. D’aucun avait pensé en 1972 que partir de l’Etat fédérale à l’Etat Unitaire permettrait au pays de réaliser des économies et d’impulser le développement. Malheureusement, cinquante ans (50 ans) après cette recette ne semble avoir perdu sa saveur à en croire les revendications d’un retour à la case de départ en cours dans certaines régions du pays.
Lors du grand dialogue national ouvert dans le pays du 30 septembre au 4 octobre 2019, la question avait été portée au-devant de la scène. L’alternative de la décentralisation avait croisée la résistance voire l’opposition de certain tenant du fédéralisme : « Il est important de discuter de la forme de l’État. Cela devrait d’ailleurs être le thème central de cet événement, car c’est à cause de cela que la grève a commencé, que des gens ont pris les armes contre la République », avait déclaré Me Agbor Balla, avocat. Le chairman Ni John Fru, opposant historique et leader du Social democratic front (SDF) Un autre tenant de cette thèse avait affirmé lors de cet événement : « La décentralisation est morte. Seul un retour à un fédéralisme à deux États, avec un transfert de pouvoir au peuple peut ramener la paix sociale sur l’ensemble du territoire ».
Cabral Libii, un autre homme politique à commis tout un ouvrage intitulé « le Fédéralisme Communautaire » pour expliquer la forme de fédéralisme qu’il souhaite voir implémenter au Cameroun.
L’urgence d’un changement de la forme de l’Etat au Cameroun
Au Cameroun, la décentralisation optée par les pouvoirs publics comme alternative au trop centralisme de l’Etat traine le pas, pendant que le malaise social se consolide progressivement. Plusieurs problèmes sont soulevés dans le pays ce qui n’aurait pas été le cas si le pouvoir décisionnel n’avait pas été confisqué par le sommet, du moins pas tel que cela est vécu dans le pays. La grève des enseignants réunis autour du mouvement « OTS » persiste malgré « une faible » tentative de résorber le problème par les pouvoirs publics. Or certains observateurs et critiques pensent que si ces enseignants avaient été pris en charge par des ressources décentralisée au niveau des régions, la situation n’aurait pas pris cette ampleur nationale. D’aucuns saluent le récent concours d’intégration des maitres des parents sortis des INIEG qui avait été organisé dans chaque région où exerce le candidat. De nombreuses autres situations mettant à mal l’unité nationale du pays aurait bien pu être réglée sans gêne s’il n’avait pas toujours fallu attendre que la décision vienne de Yaoundé. Il est vrai que la pandémie de covid-19 a été à l’origine du climat morose de la célébration de l’unité nationale du pays le 20 mai dernier. Toutefois l’hypothèse d’un malaise qui s’enracine progressivement suite aux conditions de vie qui vont de mal en pire dans le pays n’est pas à balayer du revers de la main. Une solution urgente s’impose ; à défaut de céder aux revendications d’un retour à l’Etat Fédéral, accélérer le processus de mise en place d’une véritable décentralisation dans l’étendue du territoire national.