Les femmes accusant des difficultés ou une incapacité à concevoir pourront désormais solliciter et obtenir une assistance médicale dans un centre hospitalier agréé. Il en est de même de certains couples. Mais alors à quelles conditions ?
Aucun projet de loi examiné par les députés de la Nation camerounaise au cours de la session ordinaire du mois de juin 2022 n’a fait l’unanimité au sein des ménages comme celui portant sur la procréation médicalement assistée. Son adoption le 29 juin par le parlement vient redonner espoir à des couples en difficultés d’assurer par les voies naturelles, la continuité de la famille « J’avais des problèmes d’accouchement. Dans ma belle- famille, on l’appelait seulement : la femme stérile là. C’est en vivant avec un homme sous le même toit que j’ai compris la différence entre les femmes. Vraiment quand tu n’accouches pas, tu deviens ennemi de ta belle-famille. J’ai failli perdre mon mariage à cause de ce problème. Heureusement nous sommes allés mon mari et moi au Centre Hospitalier de Recherche et d’Application en Chirurgie endoscopique et de Reproduction humaine(CHRACERH) à Yaoundé, aujourd’hui, je suis mère d’enfants ». Ce témoignage de Stéphanie montre jusqu’à quel niveau, les femmes accusant des difficultés de procréation sont stigmatisées au sein de leur belle- famille et par ricochet au sein de la société camerounaise et africaine. Le Chracerh a permis à plusieurs familles de retrouver la joie de l’enfantement. Avec les avancées de la médicine, près de 300 naissances sont venus consolidées plusieurs foyers dont l’espoir de vie commune était lié à la présence d’un enfant dans le foyer.
Seulement, la procréation médicalement assistée ne va pas se faire comme dans un no man’s land. Le gouvernement qui craint que le désordre ne s’installe dans le domaine de la procréation, a déposé un projet de loi dans ce sens. Il définit non seulement le cadre législatif et normatif de l’assistance médicale à la procréation, mais aussi, fixe les conditions applicables aux potentiels bénéficiaires.
Qui peut bénéficier de l’assistance médicale à la procréation au Cameroun ?
Selon le ministre de la Santé Publique, c’est pour répondre aux demandes des couples qui ne peuvent avoir d’enfants de façon naturelle que le gouvernement a pensé à les assister, tout en sécurisant le nouveau- né et la famille et en sauvegardant un modèle social bâti autour de la famille : un papa, une maman et des enfants. Ainsi tout camerounais ne peut pas bénéficier de l’assistance médicale à la procréation. Les mineurs, les femmes fertiles n’ayant aucune déformation sont d’office exclues. Seuls, les couples hétérogènes mariés ou pouvant prouver une vie maritale peuvent en bénéficier. Il faut être majeur, c’est-à-dire, avoir 21ans car, à cet âge, l’on est civilement responsable au Cameroun. Ne pas avoir plus de 55 ans pour éviter certaines complications. Et ceci ne concerne uniquement que les femmes car, les hommes ne sont pas soumis à cette exigence. Il faut aussi que l’on arrive à prouver la difficulté ou l’incapacité à concevoir naturellement et un diagnostic médical seul fait foi. Le consentement du couple sera requis
A l’hôpital.
Le projet de loi interdit la demande des gamètes à des fins commerciales. En termes plus simples, il est interdit de faire dans la vente des cellules reproductrices et même de l’embryon. Les sanctions sont d’ailleurs prévues pour cela. Elles vont de l’amende à l’emprisonnement.
Jean Baptiste Bidima