La région château d’eau du Cameroun en crise se tourne désormais vers la production locale.
Face à la grave crise d’approvisionnement des marché local, du fait des tensions Ukraino-Russe, la situation sécuritaire préoccupante, et la pandémie de Covid-19, la promotion du made in Cameroon via l’import-substitution est plus que jamais urgente. Cette politique en vigueur depuis deux ans qui vise à produire plus et importer moins.
Face à la menace que représente l’accumulation du déficit commercial, responsable de l’amenuisement des réserves en devises du pays, le gouvernement resserre l’étau contre les importations tout azimut et les exportations « non indispensables ».
Objectifs clairement affiché, encourager les investissements dans ces secteurs et accroître par ricochet la production locale des produits tels que le riz, le poisson, le blé, le maïs, sources d’importantes dépenses d’importations.
« En effet, il est question d’implémenter les mécanismes visant à développer et encourager la transformation surplace des produits du terroir cette politique d’import-substitution, officiellement en vigueur depuis le début de l’année 2021, telle que précisé dans la loi de finances de l’année 2020 est la solution. »
Des avantages de l’exonération des droits et taxes douaniers pour les équipements et intrants destinés à l’agriculture, à l’élevage, à la pêche et à l’industrie pharmaceutique est l’un de ces mécanismes.
Les Journée portes ouvertes du Centre régional de la recherche scientifique et de l’innovation pour l’Adamaoua, organisé la semaine dernière par la délégation régionale de la recherche scientifique et de l’innovation pour l’Adamaoua ont présenté les résultats des recherches et de la formation des coopératives et organisations féminines sur la transformation agro-alimentaire. Les différents stands occupés par les chercheurs de l’Irad de Wak, du Centre recherche scientifique de Ngaoundéré, entre autres. Les organisations paysannes venant des quatre départements de la région de l’Adamaoua ont présenté au gouverneur les résultats de ce transfert de technologie lors des deux jours de formation. Les autorités administratives, municipales ont visité les stands et découvert les merveilles des produits locaux tels que le blé et ses variétés, le maïs, du riz, du sorgho et surtout de la farine enrichie pour la nutrition des enfants âgés de 6 mois et plus. Cette appropriation de la technologie par les femmes vient renforcer la politique gouvernementale d’import-substitution.
La promotion du « made in Cameroon » et du « consommons camerounais » sont les nouveaux objectifs de la transformation structurelle de l’économie camerounaise. L’exigence de satisfaire le marché local devrait accélérer la diversification de l’offre locale. Il s’agit pour l’Etat de « donner la priorité au développement de la production et à la promotion de la compétitivité des filières agricoles stratégiques » et de mettre un accent à « la transformation des matières premières afin de mieux valoriser nos produits ». Ladite modernisation est largement tributaire du développement des filières à fort potentiel de valeur ajoutée. Selon Thingsabe Obadia, le Délégué Régional Minresi :« La région de l’Adamaoua doit davantage produire ce dont il a besoin pour sa consommation quotidienne »
Depuis 2011, le gouvernement a identifié une quinzaine de filières comme porteuses de croissance au Cameroun. Pour 2021, la priorité revient à l’agro-industrie, le bois, le textile, les mines et la métallurgie, l’industrie pharmaceutique et biomédicale, etc. Pour cela, le gouvernement envisage un train de mesure. Il s’agit entre autre de la constitution d’un fonds spécial destiné au financement de la promotion et au développement des filières des légumineuses et des féculents. Selon du Document de programmation économique et budgétaire à moyen terme (2021-2023), ce fonds serait alimenté par les droits et taxes de douane résultant de la ré-fiscalisation progressive de ces produits. Il pourrait aussi faire l’objet soit d’un compte d’affectation spécial géré par un Office national des légumineuses et des féculents qui sera créé, soit être affecté au budget des ministères chargés du développement de ces cultures.
Il est également envisagé un plafonnement des financements bancaires afférents aux importations de certains biens (mais, soja, riz, etc.) ; la création d’un Office national de développement des filières des légumineuses et des féculents ; l’élaboration d’une fiscalité spécifique pour la promotion de l’agriculture ; l’obligation d’incorporer un certain pourcentage des produits locaux dans la production de certains biens. Il devrait ainsi être demandé aux boulangers d’incorporer un certain pourcentage de produits locaux de substitution (farine de patate, de manioc, de maïs) dans le pain ; l’institution des contingentements à l’importation. D’une manière spécifique, le ministère des Finances prévoit une révision de la politique de taxation de certains biens dans la perspective soit de décourager progressivement leur importation, soit de favoriser leur transformation locale avant exportation, soit de limiter leur forte consommation en raison de leurs conséquences néfastes sur la santé et l’environnement, soit d’accroître les ressources autonomes d’accompagnement de la décentralisation et de la Couverture Santé Universelle.
Brahim Sadjo