Alors que l’opinion publique internationale attendait avec impatience soit la libération des 46 soldats Ivoiriens détenus au Mali ou de nouvelles sanctions contre la junte militaire malienne pilotée par le colonel Assimi Goïta, tel que décidé lors du dernier sommet des Chefs d’États et de gouvernement de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest tenu en novembre dernier à Abuja au Nigeria, un sommet qui avait accouché d’un ultimatum contre le pouvoir malien, c’est plutôt un autre échec (un de plus) qu’enregistre la CEDEAO dans la résolution de cette crise.
Comme pour narguer ses pairs, Assimi Goïta et la justice malienne ont condamné le 30 Décembre dernier les 46 soldats Ivoiriens à 20 ans d’emprisonnement pour attentat et complot. L’on se serait alors attendu que la CEDEAO sorte véritablement ses muscles face à ce qui s’apparente vraisemblablement à une défiance et à un rapport de force entre le Mali et le reste de la communauté. Mais non, rien, la CEDEAO n’a pris aucune sanction contre le « tout puissant » Assimi Goïta et ses thuriféraires.
En déplacement hier au Mali où il a rencontré le Président de transition militaire du Mali, le médiateur de la CEDEAO, le Président togolais Faure Gnassingbé n’a pas obtenu ce qu’il voulait. Selon certaines sources bien introduite, Faure Gnassingbé est allé plaider la grâce présidentielle pour les 46 soldats Ivoiriens. Une plaidoirie visiblement inaudible dans les oreilles de l’homme fort du Mali et bientôt de toute la sous région. « Pas d’issue, mais la diplomatie reste active » a déclaré le médiateur de la CEDEAO.
Pour sa part, le Président en exercice de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest Omaro Sissoco Embaló, par ailleurs Président de la Guinée Bissau, « Nous avons accordé un temps pour permettre à la médiation togolaise de faire son travail afin de résoudre ce problème. » avant d’ajouter « ce délai supplémentaire n’est qu’une question de bon sens. »
Un bon sens que ne semble cependant pas avoir le Président de la transition militaire malienne. Une chose est certaine, Alassane Ouattara, le Président ivoirien ne verra pas pour demain ces soldats qui ont passé le nouvel an dans les geôles des prisons maliennes.
Tout compte fait, Assimi Goïta dispose désormais de toutes les cartes pour des négociations plus approfondies qui pourront aboutir à des accords tendant à son affirmation et son acceptation au sein de la communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest comme il l’a toujours voulu, ceci entraînant dans la foulée la libération de ces soldats Ivoiriens. Faure Gnassingbé, Alassane Ouattara et la CEDEAO le savent certainement.