Face à l’insistance du gouvernement camerounais à fixer le Smig à 41 875F contrairement à 60 000F comme le demandent les organisations syndicales des travailleurs, le Cameroon workers forum entend poursuivre le combat et ne pas céder aux manœuvres gouvernementales. Lire l’interview exclusive de Jean Marc BIKOKO, Président de la Centrale Syndicale du Secteur Public du Cameroun (CSP).
1- Monsieur Jean Marc BIKOKO bonjour. Dans un communiqué rendu public le 1er Mars dernier la CSP fustige ce qu’elle appelle » la tentative d’ instrumentalisation « des confédérations syndicales des travailleurs par le ministre du travail et de la sécurité sociale. Pourquoi ?
BIKOKO :
Je tiens d’entrée de jeu à préciser que ce n’est pas la CSP qui fustige, mais plutôt le CAWOF (Cameroon Workers Forum). Parce qu’il s’agit d’une manœuvre par laquelle le Ministre du Travail et de la Sécurité Sociale (MINTSS) tente de faire passer en force la proposition gouvernementale d’un SMIG 41 875 Fcfa, en brandissant un Procès Verbal dont aucune page n’est paraphées, et dont l’unique preuve de validation par les parties n’est qu’une feuille volante, portant des signatures.
2- Pensez-vous réellement qu’un Smig à 60 mille francs CFA tel que vous l’exigez soit possible ?
BIKOKO :
Bien sûr, même un SMIG à 100 000 Fcfa, comme le confirment les statistiques de l’INS (Institut National de la Statistique) selon lesquelles le montant minimum (Seuil de pauvreté) journalier avec lequel peut vivre chaque Camerounais est de 931 Fcfa ; Qu’une famille moyenne au Cameroun est constituée de 4,5 personnes. 931 x 4,5 x 25 jours = 101 725, 5 Fcfa.
3- Ou en sont les négociations entre le gouvernement et les acteurs syndicaux ?
BIKOKO : En matière de SMIG, il n’y a pas de négociations entre les parties. Selon l’alinéa 2 de l’article 62 de la Loi N°92/007 du 14 Août 1992 portant Code du Travail, le SMIG est fixé par décret du Gouvernement, après avis de la Commission Nationale Consultative du Travail (CNCT). Et cet avis consensuel doit être matérialisé par un document paraphé et signé par toutes les parties prenantes. Ce qui justifie l’impasse du processus en ce moment.
4- Si le gouvernement maintient sa position d’un smig à 41 850F que fera le Cawof?
BIKOKO : Le CAWOF qui ne pourra rien contre la décision du Gouvernement qui est détenteur de la puissance publique. Toutefois, le CAWOF tient à rappeler que si « la démocratie c’est le pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple », le SMIG à 41 875 Fcfa n’est en rien au service du peuple.
5- Que devient le mouvement lancé il ya quelques semaines par le Cameroon workers forum et invitant les travailleurs à s’opposer à ce smig que veut imposer le gouvernement ?
BIKOKO :
La mobilisation se poursuit avec succès sur l’ensemble du territoire où la majorité des Camerounais ont décidé de s’habiller en noir tous les lundis, du 15 Février au 15 Mars 2023, pour soutenir la proposition du SMIG à 60 000 Fcfa soutenu par les représentants des travailleurs d’une part, et interpeler le Gouvernement d’autre part.
Merci beaucoup.
Propos recueillis par Bernard Rodrigue BILLONG