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samedi, 21 décembre 2024

Administration Pénitentiaire : Le mal aimé de la fonction publique camerounaise ?

Surpopulation carcérale, insuffisance des effectifs, absence de moyens matériels et financiers, inexistence de congés annuels, la vie et les conditions de travail des fonctionnaires de l’administration pénitentiaire au Cameroun semblent ne pas être différentes de ceux dont ils sont chargés d’assurer la surveillance. Être gardien de prison au Cameroun fait finalement de vous un prisonnier à part entière. L’honorable Rolande Ngo Issi tire la sonnette d’alarme.

Le traitement réservé aux fonctionnaires de l’administration pénitentiaire plus connus sous l’appellation de gardiens de prison ou gardes pénitentiaires au Cameroun pousse à s’interroger sur la place de ce corps de métier dans la fonction publique camerounaise. Ces fonctionnaires rattachés auprès du ministère de la Justice depuis 2005 sont considérés par plusieurs comme des ‘’ sacrifiés ‘’ mieux les ‘’ oubliés ‘’ de l’administration au regard d’une part du sacrifice consentis et des risques encourus et d’autre part des moyens de travail mis à leur disposition et des conditions dans lesquelles ils travaillent.

                           Honorable Rolande Ngo ISSI

Au cours de la séance des questions orales aux membres du gouvernement, l’honorable Rolande Ngo Issi, députée de la Nation issue de Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale (PCRN), n’est pas allée de mains mortes pour présenter mieux décrier les conditions de travail inhumaines et ‘’ inacceptables ‘’ dans lesquelles ses fonctionnaires sont confrontés au quotidien. Face au ministre d’Etat, ministre de la justice garde des Sceaux, Laurent Esso, l’élue du peuple a dressé un tableau plus que sombre de ce corps de métier : « Chaque année, chaque mois, chaque semaine, chaque jour, de nombreuses récriminations nous parviennent de ces personnels qui, sans doute, exercent l’un des métiers les plus dangereux de notre pays. Leur tord est d’essayer de s’assurer que des personnes ayant commis du tord à la société payent pour leur forfait ». précise-t-elle.


Au rang de ces récriminations figure en bonne place le manque d’équipement et de moyens matériels pourtant accordés à profusion aux autres corps habillés à l’instar de la police, de la gendarmerie et même des sapeurs pompiers… « Monsieur le Ministre d’Etat, je tiens à préciser ici que l’idée n’est pas de déshabiller Pierre pour habiller Paul, mon inquiétude demeure sur comment voulez-vous qu’un fonctionnaire de l’administration pénitentiaire reste serein quand il voit les efforts que le gouvernement déploie pour équiper, la police nationale, la gendarmerie et je ne parle même pas des différents corps de notre armée … D’ailleurs il m’a été rapporté le cas d’un régisseur qui a demandé à ses collaborateurs de s’acheter des bonnes torches et des sifflets pour mieux travailler dans la nuit. Alors à cette évidence, on serait en droit de se demander si les fonctionnaires gardes pénitentiaires sont toujours des fonctionnaires où ils sont désormais des chasseurs. »


A côté de ses problèmes qui entravent le travail des gardes pénitentiaires et les exposent à tous les risques possibles face à des prisonniers souvent plus dangereux et mieux armés, s’ajoute celui du comportement de certains régisseurs qui sont selon la députée ‘’ des rois ‘’ et des ‘’ bourreaux ‘’ pour leurs collaborateurs : « Certains régisseurs se comportent comme de véritables propriétaires de fiefs ; de chefs de terre, qui infantilisent leurs collaborateurs, violent directement leurs droits des employés et participent à créer un climat d’insécurité au sein des prisons. » « … Ce qui est incompréhensible, est qu’un régisseur prolonge cette mesure d’exception (le service d’astreinte lors des fêtes de fin d’années) pendant deux années, deux ans où les agents de garde n’ont pas de repos, ils doivent travailler chaque jour sans aucune prime, prime qui d’ailleurs n’est pas versée en temps normal. Même en enfer je pense qu’il y’a mieux… et c’est pareil pour les congés annuels qui sont en principe d’un mois entier, sont paradoxalement considérés comme un don. La cerise sur le gâteau, c’est qu’il y’a des gardes qui n’ont plus de congés depuis 4 ou 5 ans ».


Cette situation déplorable des condition de travail des gardes pénitentiaires dressée par l’honorable Rolande Ngo Issi vient justifier à tord ou à raison le désintéressement observé de la part de camerounais pour ce corps de métier mais qui, à cause du manque d’emploi et pour la recherche du matricule, enregistre quelques volontaires qui, au risque de leurs vie, se font prisonniers des prisonniers. Dans un univers carcéral assez surpeuplé et précaire, un meilleur traitement encouragerait peut-être plus d’un.

Le Cameroun dispose de 10 prisons centrales, 48 prisons principales (de niveau départemental) et 16 prisons secondaires (de niveau d’arrondissement). Les deux principales prisons sont la prison centrale de Kondengui à Yaoundé (4 410 détenus) et la prison centrale de New Bell à Douala (4 963 détenus), pour une population carcérale estimée aujourd’hui à près de 20 000 prisonniers et pour seulement environ 1500 gardes pénitentiaires.

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