Dans sa dernière publication disponible sur son site officiel, Reporters Sans Frontières soulève une fois de plus certains éléments qui selon lui jettent encore du brouillard sur les réels auteurs de l’assassinat du journaliste.
Huit mois après l’assassinat du chef de chaîne de la Radio urbaine amplitude FM, le silence semble envahir le cours de l’enquête sur les circonstances et les auteurs de son assassinat, les révélations faites par l’ONG Reporters Sans Frontières (RSF) viennent comme ressusciter une affaire que l’opinion publique dans sa grande majorité tend à oublier. L’ONG affirme avoir parlé avec plusieurs membres du commando des services secrets camerounais impliqués dans la mort du journaliste Martinez Zogo.
Assassinat ou homicide involontaire ?
Selon Reporters Sans Frontières, certains éléments permettant d’éclaircir les circonstances de cette affaire auraient disparu au cours de l’instruction. Une situation qui installe le doute sur la volonté réelle des autorités d’établir la vérité.
<< Au moins 13 membres de la direction générale du renseignement extérieur (DGRE) ont participé à l’opération ayant entraîné la mort du journaliste le 17 janvier dernier >>. Affirme RSF qui précise que le directeur des opérations de la DGRE Justin Danwe, qu’il a pu rencontrer à plusieurs reprises à la prison centrale de Yaoundé au cours de ces derniers mois, maintient sa version initiale. Il dit avoir agi sur ordre de l’homme d’affaires Jean-Pierre Amougou Belinga pour << monter une affaire visant à intimider Martinez Zogo >>
Selon un autre témoignage fait par un membre des services secrets, arrêté et interrogé par RSF, la filature s’est étalée sur une dizaine de jours. << Au départ, le but n’était pas de le tuer >>. Affirme un membre du commando. Martinez Zogo aurait succombé à cause de la violence atroce et inouïe dont il aurait subit.
Reporters Sans Frontières parle également des traces d’acide sur le corps de Martinez Zogo. Ses bourreaux voulaient-ils faire disparaitre totalement son corps ?
<< S’il est établi aujourd’hui dans l’enquête que l’objectif de cette opération n’était pas de tuer le journaliste, deux versions s’affrontent. Celle de Justin Danwe qui rapporte que l’ordre a été donné au téléphone par le garde des Sceaux Laurent Esso, un pilier du régime camerounais, à AB, l’un de ses proches, de “terminer le travail”. D’ailleurs, plusieurs sources ayant eu accès au dossier judiciaire déplorent l’absence d’éléments relatifs à l’exploitation des appels et messages envoyés par l’homme d’affaires. Et celle d’une source sécuritaire très proche du dossier qui penche plutôt pour un passage à tabac qui aurait dégénéré. Selon cette source, un homme, l’adjudant chef “Djoda” aurait joué un rôle particulier dans l’issue funeste de cette soirée du 17 janvier 2023. C’est ce militaire qui aurait coupé l’oreille du journaliste. Avec la douleur, Martinez Zogo se débat violemment. Le passage à tabac a-t-il dégénéré à partir de cet instant ? Le journaliste a-t-il été assassiné ? >>
Depuis février dernier, l’homme d’affaires Jean-Pierre Amougou Belinga est détenu à la prison centrale de Yaoundé avec comme charge retenue » complicité de torture par aide « . Selon plusieurs sources, ce choix de charge sent tout simplement l’arrangement et est inexplicable au regard du dossier, toute chose qui jetterait du discrédit sur l’instruction en cours. Certains éléments auraient disparu ou tout simplement n’auraient pas été transmis à l’instar des données téléphoniques et des images de vidéosurveillance de l’immeuble Ekang du 17 janvier 2023. La vérité sera-t-elle connue un jour ? La suite des procédures nous dira davantage