La montée de tensions dans la crise russo-ukrainienne entraine un durcissement de ton et une prise de mesure drastique par Poutine contre les pays qui s’opposent à sa manière de faire.
Parmi les mesures draconiennes prises par le maitre de Kremlin, on relève celle selon laquelle le gaz russe s’achètera en rouble. C’est ce qu’il y a lieu de retenir des déclarations du Président de la Douma (chambre basse) russe lorsqu’il souligne : « Si vous voulez du gaz, trouvez des roubles ». En effet les instructions de Vladimir Poutine imposent désormais l’achat du gaz russe en rouble, monnaie de son pays, par les pays étrangers qu’il qualifie d’ « inamicaux ». La mesure prise par le Président russe est valable pour de nombreux autres produits à l’instar de ceux issus des hydrocarbures.
Une décision qui vient faire front aux mesures prises à l’encontre de la Russie du fait de la guerre en Ukraine
Le rouble dont conditionne Poutine pour l’achat des produits russes en écartant l’euro et le dollar, est loin de constitué une monnaie d’échange selon certains critiques occidentaux au regard des sanctions qui pèsent sur la Russie du fait de ses attaques en Ukraine. Malgré cette situation Poutine est décidé à faire passer la mesure à compter du mois d’avril 2022. Confie Christophe Baucher, Professeur d’économie à l’Université de Paris Nanterre à Guillaume Erner.
Que recherche Poutine par cette mesure ?
L’objectif recherché par Poutine à travers cette mesure reste inconnue. Christophe Boucher fait savoir qu’étant donné que les paiements des contrats se font mensuellement, les prochains paiements s’effectueront fin avril – début mai (2022). « Pendant quelques semaines, les rouages de ce nouveau mécanisme de paiement vont se mettre en place. De manière effective, c’est dans un mois qu’il sera possible de voir si tout se passe avec souplesse côté russe et occidental ». La question est d’autant plus préoccupante qu’elle fait couler beaucoup d’encres et de salives.
Dans son ouvrage intitulé : « Poutine maître du jeu », Jacques Baud tente de montrer la « désinformation » et le « mensonge » proliféré autour des intentions non avérés de la politique de Poutine en Europe. L’auteur met à nue toutes les élucubrations faites autour des intentions de domination de l’Europe ou de la tentative de reconstitution de l’ex-URSS par Poutine. Au cas par cas, l’auteur démontre qu’il s’agit tout simplement d’un complot contre le Maître de Kremlin. Parlant du souci d’invasion de l’Ukraine par Poutine, Jacques Baud fait savoir que : « L’idée que Poutine « déteste l’Europe » vient de la crise de Maïdan en 2013-2014, où on lui prête le fait d’avoir refusé que l’Ukraine signe un accord avec l’Union européenne. Ce mythe vient d’une simplification des événements et d’une omission de quelques séquences. Ainsi, le 21 février 2022, dans l’émission « C dans l’air », Benjamin Haddad, de l’Atlantic Council, déclare qu’en 2014, le souhait de l’Ukraine de se rapprocher de l’Union Européenne et de lutter contre la corruption a provoqué l’intervention de la Russie. C’est faux : nous traiterons la question de « l’intervention russe » plus bas ; mais quant à l’accord avec l’Union européenne, la Russie ne s’y est pas opposée. » Mais il n’est fait nulle part dans ce document de manière claire les intentions cachées derrière les différents conflits qui impliquent la Russie en Europe. Poutine reste donc un mythe dont la vision et les intentions restent dans l’ombre annihilant toute possibilité d’anticiper dans ses mouvements malgré les dispositions prises par l’Union Européenne.
La difficile équation de l’échange en rouble
Selon certains analystes, le paiement s’effectuera sur la base d’un prix en euros avec un équivalent en roubles selon le taux de change du moment. « Cependant, la difficulté concerne le taux de change qui est en fait un faux taux de change ». Fait savoir Christophe Boucher. Car « Le marché du rouble n’est pas totalement ouvert. Le taux de change est en apparence presque revenu au niveau d’avant l’invasion mais est un taux de change manipulé ». Ainsi, on pourrait imaginer payer les transactions en euros avec l’équivalent en roubles mais suivant un taux de change imposé par la Banque Centrale (russe) elle-même, remarque le professeur d’économie.
Poutine seul maitre de son jeu
Malgré les inconvénients relevés par certains économistes dans ces mesures du Président russe, on n’a pas l’impression qu’il va droit vers l’échec. Car malgré les mesures prises à l’encontre de son pays du fait de ses attaques en Ukraine, le pays est resté débout et l’impact de ces mesures semble avoir plus d’effets ailleurs qu’en Russie. Le gaz, le blé et certains produits se font rare sur le marché mondial et de nombreuses familles souffrent du fait de cette absence qui impose une augmentation des prix dans le marché. Poutine a jusqu’ici l’air de rester imperturbable dans son élément. Il y a lieu de chercher de nouveaux moyens de règlement pacifique de cette crise dont les conséquences pèsent de plus en plus sur le monde.