« Tout ce qui a été acquis de façon illégitime dans le cadre de vols, dans le cadre de violences, dans le cadre de pillages, doit être restitué ».
Cette déclaration de Thomas Dermine, membre du gouvernement fédéral belge a le mérite de reconnaître un temps soit peu la culpabilité européenne dans le pillage des richesses africaines lors de la période coloniale.
Le retour du patrimoine africain
L’Allemagne a rejoint le 20 Décembre dernier la liste des pays européens engagés dans la restitution à l’Afrique de son patrimoine volé. 22 bronzes de l’ancien royaume de Benin, pillés durant l’époque coloniale ont été restitués au Nigeria au cours d’une cérémonie officielle à Abuja. Il faut rappeler pour mémoire que des milliers de bronzes de Benin, dans le sud du Nigeria actuel, plaques et sculptures en métal datant du XVIe au XVIIIe siècle avaient été volés dans le palais de l’ancien royaume.
C’est l’histoire de l’Afrique qui ainsi restituée, une histoire volée et logée pendant plus d’un siècle voire deux dans des musées européens.
« Ce que nous rendons fait partie de votre histoire, ce que nous rendons fait partie de ce que vous êtes ” a reconnu le ministre allemand des Affaires étrangères, Annalena Baerbock. “ Nous sommes ici pour réparer un tort” a-t-elle ajouté. Un tort qui, s’il veut réellement être réparé devrait s’accompagner des devises que ce patrimoine a fait bénéficier à l’Europe, des devises estimées à des milliards d’euros.
Le ministre nigérian de la culture Lai Mohammed tout en saluant cette première restitution a lancé un appel aux autres pays et musées détenant toujours des antiquités nigérianes à les libérer, car a-t-il précisé, “ ces œuvres sont notre culture et notre héritage, elles ont leur place au Nigeria et nulle part ailleurs ”. Les musées concernés par ces restitutions sont celui de Linden à Stuttgart, de Grassi à Leipzig, de Markk à Hambourg, le musée Rauten-Joest de Cologne, ainsi que le Musée ethnologique de Berlin qui possède à lui seul 530 objets historiques dont 440 bronzes, considérés comme la plus importante collection après celle du British Museum de Londres.
La France, le Royaume Uni et la Belgique avaient déjà eux aussi engagé le processus de restitution de ce patrimoine volé à l’Afrique.
Au Royaume Uni par exemple, ce sont les universités qui restituent le patrimoine africain. L’Université de Cambridge a remis le 27 Octobre au Nigeria une sculpture de coq en bronze pillée il y a un siècle. Dans la foulée, l’Université d’Aberdeen en Écosse, a aussi restitué au Nigeria un bronze représentant un Oba (roi) de Benin, acquis aux enchères en 1957. Auparavant, l’Allemagne avait restitué en 2019 a la Namibie, la croix en pierre de Cape Cross, monument de plus de trois mètres érigé en 1486 par des navigateurs portugais.
Il y a quelques mois, la Belgique avait restitué à la RDC une infine partie de son trésor, de même que la France pour le Bénin.
Au-delà de ces restitutions qui ne représentent jusqu’ici que 10% du patrimoine total à restituer à l’Afrique, quelle valeur ont encore ces objets longtemps exploités, si ce n’est qu’une valeur symbolique ? Il faudrait cependant que le processus soit accéléré et porté par l’Union Africaine afin que l’Afrique recouvre son Trésor ou du moins ce qui en reste ; qu’on n’attende plus un siècle ou deux. Il s’agit de l’identité de l’Afrique volée par le colon, il s’agit de la culture africaine transportée clandestinement hors de l’Afrique. » Un peuple qui ignore sa culture, s’ignore lui-même et court le risque de disparaître ” Dixit un penseur africain.