Quatre jours après la demande de quitter le pays adressée à l’ambassadeur d’Allemagne au Tchad, Berlin a répondu aux gouvernement tchadien en demandant à son tour à l’ambassadrice du Tchad à Berlin de quitter le sol allemand sous 48h. Une situation qui était envisagée et qui pousse à s’interroger sur la trajectoire diplomatique qu’emprunte l’homme fort de N’djamena. Serait-il sur les sillons tracés par les présidents Malien et burkinabé ?
La décision prise par N’djamena en fin de semaine dernière de renvoyer manu militari l’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République Fédérale d’Allemagne en poste au Tchad avait surpris autant par sa survenue que par sa vitesse d’exécution. Le gouvernement tchadien donnait 48h pas plus au diplomate allemand pour quitter le sol tchadien. Les autorités l’accusaient selon le communiqué signé du porte-parole du gouvernement, de discourtoisie et de non-respect des usages diplomatiques. En effet, selon certaines sources, Jan Christian Gordon Kricke, en poste depuis 2021, était beaucoup plus un donneur de leçon, un » défenseur » des droits de l’homme et un moralisateur du gouvernement en place qu’un ambassadeur.
Il s’illustrait beaucoup plus par des sorties moralisatrices et » déplacées » qui n’ont pas laissé le pouvoir de N’djamena indifférent. Plusieurs observateurs et journalistes tchadiens ont même jugé cette décision tardive. Mahamat Idriss Deby Itno aurait simplement fait comprendre à ses amis et partenaires occidentaux dont l’Allemagne que le temps d’un écart de langage et d’une immixtion dans la gestion des affaires internes d’un État, une disposition contenue dans la convention de Vienne et mentionnée dans le communiqué signé des autorités tchadiennes, que ce temps-là était révolu.
La réponse de Berlin
Comme cela était attendu, le gouvernement allemand a répondu par une réciproque à la décision du gouvernement tchadien. L’on a appris ce mardi 11 avril 2023, la convocation au ministère allemand des affaires étrangères, de l’ambassadrice du Tchad en poste à Berlin et de la demande formelle à elle adressée de quitter le territoire allemand sous 48h. Mme Maryam A. Moussa a donc jusqu’à ce jeudi 13 avril pour rentrer au Tchad. Le gouvernement du Chancelier Olaf Scholz a dit regretter que les choses en soient arrivées là. il n’a pas manqué de rendre hommage à son ambassadeur qu’il qualifie de » chevronné » et » professionnel ».
Mahamat Idriss Deby Itno, le Assimi Goïta tchadien ?
La décision prise par Mahamat Idriss Deby Itno, l’actuel homme fort du Tchad est perçue par bon nombre d’africains comme une décision légitime et panafricaniste au regard de sa portée et du message qu’il laisse transparaître. Que chaque pays, dans sa souveraineté reconnue, respecte la politique des autres États sans ingérence. C’est aussi cela le respect d’Etat à État. » L’ambassadrice du Tchad à Berlin pouvait-elle un jour, même par mégarde donner des leçons de droits de l’homme au gouvernement Allemand » ? S’interrogent certains observateurs qui ne manquent pas d’aligner l’acte de N’djamena dans la suite logique de la gouvernance du Président malien Assimi Goïta.
Les deux Chefs d’Etats, tchadien et malien ont certainement des traits communs. Jeunes, militaires et témoins privilégiés de la dictature politique et diplomatique des puissances étrangères sur les États africains. Le nouvel ordre mondial serait-il en marche? Les jeunes leaders africains veulent-ils se positionner à contre courant de la politique de soumission et d’hilotisme longtemps pratiquées par leurs pères ? Tout porte à le confirmer.
l’Afrique doit sortir du chantage économique occidentale.
Nombreux sont certains analystes qui voient en la décision prise par N’djamena et en la brouille diplomatique entre le Tchad et l’Allemagne, une lutte à perte pour le régime de Mahamat Idriss Deby Itno. En effet, le Tchad sollicite le soutien de l’Union Européenne pour organiser le référendum avant la fin de cette année. Un soutien mis en péril au regard de l’actualité en cours et qui met en jeu la grande puissance allemande, l’un des gros poids de l’Europe.
Un chantage économique qui devrait cesser au regard de la richesse du Tchad, surtout pétrolière. Le pays serait-il incapable d’organiser un référendum avec ses propres moyens ? Une faiblesse que l’Afrique doit vite faire de remédier si elle veut véritablement s’affirmer dans le concert des continents et dans la tangente multipolaire qui se trace au fil des ans. l’Afrique peut. Les Africains peuvent.