Le Cameroun projette de rejoindre l’AGOA pour faire face à sa dette extérieure.
Exclu de la plus importante plateforme commerciale des États-Unis avec l’Afrique (AGOA) en 2019, le Cameroun par la voix de son ministre des finances affirme être ouvert à rejoindre l’initiative Américaine dans le but de réduire sa colossale dette de 11 216 milliards de FCFA (soit 123,936, 8 milliards de Yuan ou 18.7 milliards de dollars).
Le Cameroun : Pays surendetté selon le FMI
Le FMI classe le Cameroun comme étant à haut risque de surendettement. En effet la Caisse Autonome d’Amortissement (CAA) du Cameroun souligne que la dette publique a augmenté de +589% de 2009 à 2022. Les données de 2022 chiffrent la dette publique du pays a 11 216 milliard de FCFA soit 40,5 % du PIB.
Il faut signaler que la Pandémie Covid-19, la guerre dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest et la guerre en Ukraine ont sapé la croissance économique du pays et affecté la position de sa dette. Après une croissance abyssale de 0.5% en 2020, le Cameroun montre un regain de santé cette fois avec une croissance anticipée de 4.3% en 2023.
Rejoindre l’AGOA semble sensé
Au cours d’un évènement organisé par le think-tank The Atlantic Council, en marge des réunions du Printemps du Fonds monétaire International (FMI) et de la Banque Mondiale, le ministre camerounais de l’économie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire, Alamine Ousmane Mey, déclare : « Nous travaillons sur toutes les questions qui ont été soulevées de manière transparente et ouverte pour pouvoir les réconcilier et résoudre les problèmes », faisant références a des pourparlers avec des responsables Américains pour rejoindre l’AGOA.
Mr. Mey a insisté sur le besoin pour le Cameroun d’améliorer la part de ses revenues d’exportations dans la couverture de la dette. Cette faible couverture « … est la raison pour laquelle nous sommes classés dans une position de surendettement à haut risque » souligne-t-il. « Nous travaillons pour être en mesure d’améliorer nos exportations grâce à des politiques de substitution des importations afin de réduire les importations, de produire plus et d’exporter davantage. »
Dix ans et plus dans l’AGOA pour un résultat mitigé
D’après le Département du Commerce américain, le Cameroun a exporté l’équivalent de 291 876 million de dollars en 2019 contre 103 847 millions en 2022. Et la valeur des exportations AGOA s’élevait à 8 489 million en 2019.
Il y a certes un intérêt pour le Cameroun à rejoindre l’AGOA, mais cet intérêt semble marginal d’un point de vue économique.
Qu’est-ce que l’AGOA ?
L’AGOA est un format de commerce permettant aux pays africains éligibles d’exporter vers les Etats-Unis de nombreux produits sans payer des frais de douanes. Mais pour être éligibles, les pays candidats doivent « établir ou faire des progrès continus vers l’établissement d’une économie de marché, de l’Etat de droit, du pluralisme politique et du droit à procédure régulière. En outre les pays doivent éliminer les obstacles au commerce et aux investissements américains, adopter des politiques visant à réduire la pauvreté, lutter contre la corruption et protéger les droits de l’homme. »
Parlant de droit de l’homme, l’ancien locataire de la Maison Blanche, Donald Trump, suspend le Cameroun du programme en fin 2019 citant des « violations flagrantes persistantes des droits de l’homme Internationalement reconnus » par les forces de sécurité du Cameroun qui combattent les milices sécessionnistes dans les deux régions anglophones du pays.
C’est dans cette même logique que les Etats-Unis ont exclu en début de cette année l’Ethiopie, le Mali et la Guinée.
L’Africain Growth Opportunity Act (AGOA) a été lance en Mai 2000 par une loi du Congrès Américain. En 2015 le congrès a reconduit ce programme pour l’étendre jusqu’ à 2025.
Dongmo Dhyan Anand