Jadis considérés comme le poisson qui nourrit les pauvres, les harengs ne sont plus à la portée de toutes les bourses. Entre rareté et prix d’achat élevé, les ménagères disent avoir opté pour d’autres denrées.
C’est désormais une denrée alimentaire de luxe. Les harengs sont vendus à un prix onéreux qui amène la plupart des ménagères à s’en passer : « Est-ce que les harengs sont encore à la portée de tout le monde. 04 ou 06 harengs à 1000fcfa. Si tu vois ce qu’on te vend à 500 francs, mieux, tu achètes encore le poisson frais ou fumé », laisse entendre ainsi Rose N, ménagère rencontrée au marché du Mfoundi à Yaoundé. A la question de savoir ce qui les rend aussi coûteux, Mélanie vendeuse de ce poisson explique : « Les harengs sont devenus rares. Il faut connaitre le circuit ou avoir des amis dans le circuit. Tu négocies avec eux. Une fois partenaires, argent ou pas, quand le stock arrive, on t’appelle rapidement. Donc c’est désormais une affaire de réseaux. Moi par exemple, j’ai des amis au marché central, ils m’informent toujours quand les grossistes arrivent. Parfois, ils achètent tout le camion et ils nous livrent ces harengs après. Si tu n’es pas dans le circuit des harengs, tu vas seulement abandonner».
Plusieurs vendeurs ou vendeuses ont fini par abandonner le commerce des harengs. C’est le cas d’Henri qui s’est converti en vendeur de poisson mâchoirons: « J’amais franchement vendre les harengs. Ce poisson était très prisé. Quand les mamans viennent des villages pour vendre les vivres frais, elles achetaient les harengs en grande quantité, surtout que ça se conserve facilement dans les greniers au village. Je vendais au moins 25.000 Francs par jour. J’étais actif dans les cotisations. Mais après, pour s’approvisionner encore, c’était devenu une bataille. Si tu n’as pas d’amis chez les grossistes, c’est tanpis pour toi. J’ai dû abandonner pour vendre ces mâchoirons ».
Le commerce des harengs a pris un coup dur et si rien n’est fait en mode urgence, ce poisson finira par disparaitre du marché camerounais. La ligue Camerounaise des consommateurs est interpellé par les ménagères qui apprécient pourtant ce poisson adapté à certains repas traditionnels.
JB Abobo
[Images: Griote TV]