Le Cameroun et la République Populaire de Chine auront 51 ans de relations dans trois mois, plus exactement le 26 Mars 2022. Il y a lieu de revenir sur les temps forts de l’histoire de cette relation et comprendre la substance de la nature de cette relation bilatérale.
C’ est dans une journée ensoleillée du 26 Mars 1971 que la République Populaire de Chine et la République du Cameroun nouent des relations diplomatiques et se promettent d’entretenir des relations mutuellement bénéfiques. Et comme pour joindre la parole à l’acte, la Chine cesse son soutien au parti nationaliste Union des Populations du Cameroun (UPC) qui se battait contre le gouvernement d’ Ahidjo qu’il percevait avec torts ou raisons comme héritier du tutelage Français au Cameroun. Le Cameroun de son côté reconnaitra la République Populaire de Chine et mettra fin à ses rapports avec la République de Chine, autrement connue sous le nom de Taiwan.
Ahmadou Ahidjo monte sur la Chine et rencontre le chairman Mao Zedong en 1973. Quatre ans plus tard, Ahidjo remonte du côte de Pékin pour rencontrer le successeur de Mao, Hua Guofeng. Au cours de ces années 70 et 80, la coopération entre les deux pays porte essentiellement sur les infrastructures. C’est dans ce cadre que la Chine aide le Cameroun à construire le Palais de l’Unité d’Etoudi en 1977, le Palais des Congrès de Yaoundé ouvert en Mai 1982 et lui prête $75 millions de dollars pour la construction du Barrage de Lagdo sur le fleuve Bénoué. La fin des années 80 verra un affermissement de la relation Camerouno-chinoise dans les domaines des échanges culturels et commerciaux. Ces relations bilatéraux se renforceront en s’élargissant dans le domaine politique dans la première décennie des années 90 [ curieux démarquage surtout après le Sommet de la Baule de 1987 en France] et la première décennie 2000. En 1995, le Premier Ministre Chinois Li Lanqing visite le Cameroun. Après son passage, le Cameroun qui est en ce moment membre de la Commission des Droits de l’Homme aux Nations-Unies, vote contre une résolution qui condamne la Chine pour supposées violations domestiques des droits de l’homme.
En 2002, un autre Premier Ministre Zhu Rhugi visite le Cameroun. A la suite de sa visite, un communiqué officiel Chinois déclare que Yaoundé et Pékin, je cite « maintiennent des échanges politiques rapprochés et ont des points de vue similaires ou partagent sur des questions internationales majeures. En 2003, le Président Paul Biya visite la Chine où il sera accueilli avec des très grands hommages. En 2007, le premier l’Institut Confucius ouvre ses portes dans les locaux de L’Institut des Relations Internationales ( IRIC) à Yaoundé. Cette même année, le Président Hu Jintao visite le Cameroun. Durant son séjour, multiples accords multisectoriels sont signés. Et Hu déclarera: « La Chine et l’Afrique n’ont jamais essayé d’imposer aux autres leur modèle de développement économique et social.” Et Paul Biya dira: « La Chine est un grand ami du Cameroun et le Cameroun est un sincère ami de la Chine ». Cette sincérité se démontrera puisque 06 ans plus tard, en 2013,la Chine deviendra le plus important partenaire commercial du Cameroun.
Depuis 2013, les apports de la Chine dans le développement des infrastructures au Cameroun sont nombreux. De nombreux Hôpitaux parmi lesquels L’Hôpital de la femme et des enfants de Douala, la rénovation de l’Assemblée Nationale, le Port en eau profonde de Kribi, l’autoroute Douala-Yaoundé, le stade de Kimberly, le palais des Sports de Yaoundé, les stations d’eaux de Mekin, et la construction de près de 15000 logements pour ne citer que cela.
Signe de l’ importance accordée à cette relation bilatérale, le Président Biya a visité la Chine 07 fois. La plus récente visite est celle de Septembre 2018 où il a participé au Forum de Coopération Chine – Afrique(FOCAC). Le Ministre des Relations Extérieures , Lejeune Mbella Mbella qui a participé au récent sommet FOCAC 2021 de Dakar- insiste sur la convergence de vues entre le Cameroun et la Chine sur des sujets d’intérêts communs. Il va plus loin et déclare le Belt and Road Initiatives ( que je décris dans un autre article) comme un modèle inclusif de gouvernance mondiale soulignant ainsi le respect et la vision rapprochés des deux partenaires.
Au-delà de ce qui apparait comme de vrais rapports bénéfiques mutuels entre les deux pays, il y a toujours lieu de s’interroger si le Cameroun bénéficie de façon optimale du succès de son ami Chinois. Notre pays a t-il connu une élévation de son niveau de vie? Avons-nous connu des gains en productivité agricole, commerciale ou industrielle? Avons-nous connu une augmentation de nos indices de développement humain ? Voilà des questions dont les réponses diront à suffisance sur le pragmatisme et la capacité de négociations de nos leaders.