Le divorce est scellé entre la morale et les cadres  de l’administration camerounaise. Même les personnalités supposées briller par le bon exemple ont perdu la probité morale  à la grande désolation du bas peuple. L’impolitesse, quand tu nous tiens.

 

Que se passe t-il avec les cadres et hauts cadres de l’administration camerounaise. La question est sur toutes les lèvres au regard des multiples scandales servis à la population. Il ne se passe plus un jour sans que l’on enregistre des scènes de spectacles désolants de leur part. L’on observe des hommes droit qui s’insultent au cours des audiences, les professeurs d’université qui inondent les réseaux sociaux par leur dénigrement, les gendarmes qui méprisent les procureurs leurs supérieurs hiérarchiques, les collègues qui n’affichent aucune marque de respect les uns envers les autres.

Le dernier scandale en date remonte au 20 janvier 2022.  Le Substitut du Procureur de la République Mahamadou  Mourtala s’est vu humilier publiquement par des gendarmes au lieu dit Bonis sur l’axe Yaoundé-Bertoua. Il lui était reproché d’avoir refusé de se présenter dans les règles de l’art. Il se serait présenté de façon verbale. Mais cela n’a pas attiré l’attention des éléments du commissaire divisionnaire Mbiongueri, délégué régional de la sûreté nationale de l’Est. Ils   n’ont pu s’empêcher de  ruer de coups leur supérieur hiérarchique en lui posant la question «  Le Procureur c’est qui ?». Une vidéo amateur de cette  scène humiliante a fait le tour des réseaux sociaux et alimenté les commentaires dans les médias.

Le mépris érigé en norme

Comment ne pas évoquer ce cas où des policiers dans la ville de Bafoussam arrivent à poser la question à une élue du peuple qu’ils connaissent pourtant très bien « Le député c’est qui ? », et ceci devant de simples citoyens.  Ou bien encore, cette opération Tribune mort que les avocats avaient engagé pour exprimer leur ras-le-bol face au traitement peu orthodoxe qui leur est infligé. Un supérieur hiérarchique de surcroît  ministre délégué auprès du ministre de la Justice Garde des Seaux a laissé entendre que «  Quand ils auront faim, ils vont regagner eux-mêmes les tribunaux ».

Ces questions qui dérangent

« Toi c’est qui ? Tu sais à qui tu as à faire ? », et ces expressions devenues banales « Et puis quoi encore » ou bien «  N’importe quoi » utilisées sans la moindre considération de la personne que l’on a en face de soi. L’impression qui se dégage est que, personne parmi ces cadres et hauts cadres dans les différentes administrations ne sait plus à quel pouvoir il appartient. Dans une République dite démocratique comme le Cameroun, il existe 03 pouvoirs : l’exécutif, le législatif et le judiciaire. Chacun devrait rester dans les missions que lui concert son pouvoir. Seulement, au regard du contenu du plat qui est servi, le policier ou le gendarme devient magistrat à telle enseigne qu’il peut décider de  garder un avocat qui veut défendre son client dans une cellule.  Le juge s’ auto investit les pouvoirs de l’exécutif en incarcérant un ministre en fonction. La séquestration du ministre Bapes Bapes  de regretté mémoire en fonction, est un cas d’école au Cameroun.

La nécessaire redéfinition de l’État.

 

De manière prosaïque, l’État c’est moi, toi, vous et nous tous . Dans sa conception sociologique l’État est un ensemble de populations vivant sur un territoire donné, délimité par des frontières et soumis à un pouvoir politique doté d’institutions. Sans toutefois évoquer l’aspect juridique, il convient de noter que,  ce sont les hommes qui, par leur respect, rendent ces institutions fortes. A défaut, elles deviennent de simples machins. Le mépris des uns et des autres rend fragile ces institutions. Les cadres dans les différents corps d’administration considérés comme le phare de la société devraient rendre les institutions du pays fortes par un comportement exemplaire. Ce qui servira de modèle à l’homme ordinaire dans la société, comme pour dire, le bon exemple vient d’en haut.

 

Jean Baptiste Bidima

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