Les travailleurs du Cameroun célèbrent la 136e édition de la fête à eux dédiée dans un climat de froideur sépulcral. Toutes manifestations publiques liées à cet événement connaissent une restriction sous le « fallacieux » prétexte de résurgence de la pandémie à coronavirus.

 

Les travailleurs camerounais sont dans l’étonnement de constater qu’aucune manifestation publique n’est prévue pour commémorer la journée qui leurs est consacrée. L’annonce du ministre du Travail et de la Sécurité Sociale est tombée comme un couperet qui rompt le vol d’un oiseau.  Les manifestations ne peuvent se dérouler qu’en comités restreints. Ce qui signifie en filigrane qu’aucun défilé n’est programmé ni au boulevard du 20 mai à Yaoundé, ni dans le reste du pays. Le ministre du Travail et de la Sécurité Sociale laisse entendre que cette décision a été prise de commun accord avec les responsables des associations syndicales et groupements professionnels des travailleurs.

A la base de cette décision, la résurgence de la pandémie à coronavirus dans les pays occidentaux. Le sujet a fait l’objet d’échanges au cours des travaux du conseil de cabinet du mois d’avril 2022, présidé à l’immeuble Étoile par le Premier ministre, Chef du Gouvernement. Suite à l’exposé du ministre de la Santé Publique, Malachie Manaouda, Joseph Dion Nguté a rappelé aux camerounais de veiller au respect scrupuleux des mesures barrières édictées par le gouvernement pour barrer la voie à la propagation de la maladie sur le triangle national. Le motif de la mise hors du programme des manifestations liées au défilé des travailleurs est-il suffisant pour convaincre les camerounais ?

Fallacieux prétexte

C’est un coup de théâtre si ce n’est une scène qui se joue dans la haute mafia sicilienne au Cameroun. Les travailleurs célèbrent la 136e édition de la fête du Travail dans un climat morose, froid comme un corps dans un sépulcre. Plusieurs n’en reviennent pas : « Je tiens à rappeler que nous ne sommes pas dupes. Le gouvernement est bien conscient qu’il est dos au mur face aux multiples revendications des travailleurs camerounais ces derniers temps. On peut bien jouer au petit malin, mais alors que fait-on de la mémoire sociale ? A-t-on oublié que le 08 mars dernier, il y a eu défilé des femmes sur l’étendue du territoire national ? Au boulevard du 20 mai à Yaoundé, siège des institutions du pays, nous avons assisté à une grande parade, un défilé tout azimut. On a peur que le travailleur se déploie pourquoi ? Encore que, nous on sait que, les messages sur les pancartes sont généralement dictés. Qu’est ce qui justifie cette peur ? ».

Un doigt accusateur pointe également les responsables des associations et groupements professionnels des travailleurs. D’aucuns estiment qu’il existe un concubinage incestueux entre eux et le ministre du Travail et de la Sécurité Sociale : « Comment expliquer aux camerounais que les femmes défilent et en l’espace d’un mois seulement, que les travailleurs soient ainsi muselés ? Le covid-19 dont-on parle, au regard du communiqué du ministre de la Santé Publique ne prend pas de l’ampleur au Cameroun. Il s’agit d’une résurgence dans certains pays en Occident notamment en Asie, en Europe et dans certains pays d’Afrique. Pas le Cameroun. D’où vient-il que l’on arrive donc à nous priver du défilé sous ce fallacieux prétexte de covid-19 ? C’est un signe voire un signal fort qui certainement vise justement à nous amener à ne pas être surpris si on venait aussi à nous dire que le défilé du 20 mai est annulé. Je crois que c’est une préparation psychologique. Laissons le temps agir et regardons là où ils vont nous promener ».

 

Fête du travail sur fond de revendications

« Monde du travail, lutte contre le covid-19, protection des emplois et productivité ». C’est justement le thème qui a été choisi au Cameroun pour la célébration de la 136e édition de la fête internationale des travailleurs. Seulement à y regarder de près, les travailleurs camerounais sont vent debout contre le gouvernement qui dans sa léthargie, peine à résoudre les problèmes des fonctionnaires camerounais. Il en est par exemple du problème d’intégration des enseignants, leurs salaires, leur statut et surtout le suivi de leur carrière. Cette situation a suscité des mécontentements si bien que les élèves se sont vus priver des cours pendant près d’un mois.

Dans les autres corps de métiers, les travailleurs vivent le calvaire de Jésus Christ à Golgotha. Le secteur privé est rempli des pleurs et des grincements de dents. Les salaires de catéchistes sont payés aux compte-gouttes. Les cotisations sociales à la Caisse Nationale de prévoyance Sociale ne sont pas reversées par les patrons imbus d’eux-mêmes. Plusieurs n’hésitent pas à brandir le licenciement pour réussir à tenir le pauvre employé qui ne sait où aller et ceci au vu et au su du ministre de tutelle. Parlant du travailleur camerounais, c’est un tableau noir et lugubre qui ne ressort que des clichés d’une aventure ambiguë qui ne présage aucune retraite paisible.

 

Jean Baptiste Bidima

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