Au moment où l’on s’apprête à célébrer le cinquantenaire de l’État unitaire, d’aucuns s’accordent à dire que, les rapports entre civils et forces de Défense et de sécurité ne sont pas au beau fixe. Un doigt accusateur pointe l’homme en tenue qui a tendance à confondre son véritable rôle auprès des populations civiles. Une fracture se crée au fil du temps entre les deux camps et l’unité nationale remise en question.
Le 50e anniversaire de l’État unitaire se célèbre le 20 mai prochain sur l’étendue du territoire national. Pour cette année 2022, le thème retenu est : « Forces de Défense et de Sécurité au service du peuple pour la préservation de la paix sociale et la cohésion nationale ». Pour la plupart des spécialistes des Faits Sociaux, ce thème n’est pas anodin. C’est un rappel à ordre adressé à l’homme en tenue qui selon toute vraisemblance, semble confondre un régime politique démocratique à celui dictatorial où le primat du militaire sur le civil est de rigueur. La démocratie selon eux, appelle ou fait référence à un État de droit et l’un des piliers fondamentaux ici, est le primat du civil sur le militaire et non l’inverse.
La 50e édition de la fête de l’unité se célèbre dans un contexte où le climat social entre le civil et l’homme en tenue au Cameroun est d’une froideur inquiétante tant les agissements des forces de défense et de sécurité créent davantage, une fracture dans les relations humaines.
La grande discorde
La volonté du militaire, du gendarme et policier à réduire le civil en proie a détérioré la confiance placée en eux. Censé être le protecteur de l’homme ordinaire, il devient plutôt un agent dominateur. D’aucuns font savoir que, depuis quelques années, celui qui détient le pouvoir du port d’arme a tendance à s’en servir à la moindre occasion. Des crimes dit-on passionnels sont devenus l’apanage de l’homme en tenue quand il ne s’illustre pas par des actes de violence et de barbarie. Il est perçu comme l’homme le plus « malhonnête » de la société. Locataire, il se comporte comme le véritable propriétaire qui n’a de compte à rendre à personne. Il faudra passer le temps à prier Dieu pour que cette dernière paie normalement le loyer. Éviter un AVC, c’est justement ne pas céder son bail à un homme en tenue. Entre bagarre dans les quartiers, insultes et actes de corruption, l’homme en tenue vers qui était censé se diriger le civil, est esquivé comme un caillou dont l’œil a vu venir. Cette confiance étant perdue, le renseignement a pris un sérieux coup au Cameroun. Rares sont ces civils qui fournissent encore des informations au service de renseignement dans l’accomplissement de leur mission.
Vers un changement de paradigme
Le thème de cette année appelle donc les forces de défense et de sécurité à opérer un revirement à 360° vers l’orthodoxie démocratique qui veut que, le civil de sente en sécurité à côté d’un homme en tenue. D’après certaines sources proches du régime, il s’agit d’un rappel à l’ordre. Les forces de défense et de sécurité sont au service du peuple, au service de la nation. Elles ne doivent en aucun cas déroger ou fouler aux pieds ce Sacro sain principe. C’est un impératif si l’on veut maintenir la paix et la cohésion sociale. Ces sources parlent d’un retour à l’orthodoxie du passé où l’homme en tenue avait comme base d’enseignement, le respect du civil et des institutions du pays. Cet enseignement s’est effrité avec le temps à telle enseigne que, les éléments de police, de gendarmerie et autres ont fini par croire que, être un homme en tenue veut dire que l’on a droit de vie et de mort sur les civils.
Un comportement exemplaire s’impose avec acuité pour un respect mutuel. D’aucuns estiment que le stage de perfectionnement de ces hommes en tenue devraient mettre un accent particulier sur les valeurs de distinction entre un régime démocratique et un régime dit militaire ou dictatorial pour éviter toute confusion. Ainsi, l’homme en tenue pourra reconquérir son intensité de protecteur et de confident dans le cadre du renseignement. Compris sous cet angle, le civil pourra aller aisément vers l’homme en tenue pour dénoncer par exemple un brigand ou groupes de brigands qui sèment la terreur dans un lieu où dénoncer un complot contre l’État. Main dans la main, l’on parlera alors de véritable Unité Nationale.
Jean Baptiste Bidima