C’est une situation qui se généralise et qui semble loin de connaitre une amélioration. La vie chère au Cameroun porte un coup sérieux sur la capacité et la possibilité pour certaines familles à s’offrir un ‘’ Repas digne ‘’ de la période des fêtes.
Un tour dans quelques marchés de la ville de Yaoundé ce 29 Décembre 2022, et le constat est ahurissant. A deux jours de la fête de la saint sylvestre, pas grande affluence observée en cette période. La raison est claire, le porte-feuille des camerounais est vide. A côté de ce manque de devises, l’envolée des prix des produits de grande consommation vient davantage rendre difficiles les calculs en rapport au panier de la ménagère.
En l’espace de quatre mois, les prix de tous les produits ou presque, ont doublé voire triplé. De la bouteille d’huile au simple poulet sur le marché en passant par le riz, les arachides, le poisson et même le sucre, les ménagères ne savent plus à quel saint se vouer. Interrogés sur cette situation, certains camerounais ne manquent pas de décrier l’inaction et le manque de stratégies de la part des autorités. « Le fait que tout augmente sur le marché, moi ça ne me dérange pas parce que j’ai beaucoup d’argent non, mais quand ceux qui sont censés être les arbitres du jeu ne font rien qu’est-ce que nous on va faire ? On avance, moi je travaille dans un domaine sensible comme la restauration, je vois l’inflation qui tend à devenir de la rigolade sur le marché, tu achètes un produit à 1000F aujourd’hui, le lendemain le même produit est revendu à 1500F, mais c’est terrible ».
Mesures du gouvernement
Dans son propos liminaire, le 10 Aout dernier à Yaoundé lors d’une conférence de presse conjointe relative à la vie chère, le ministre de la Communication a rappelé l’une des principales mesures prises par le gouvernement. Il s’agit du collectif budgétaire décidé par le chef de l’État dans le cadre de l’ordonnance du 2 juin 2022 complétant certaines dispositions de la loi des finances de l’exercice 2022, qui a porté de 120 à 480 milliards de FCFA, le montant des subventions de l’État au profit des produits pétroliers.
« Il y a lieu de relever, pour s’en féliciter, que cette décision présidentielle a notamment permis de garder inchangés jusqu’à présent, les prix des hydrocarbures respectivement à la pompe et au détail, en dépit de l’envolée immédiate et presque généralisée des cours du baril observé sur le marché international » s’est réjoui René Emmanuel Sadi. De manière concrète, cet engagement du gouvernement s’est traduit par l’exonération ou la réduction selon les cas, des taxes et droits de douane à l’importation sur certains produits particulièrement visés par les risques d’inflation, notamment, le blé, les produits ferreux, l’huile de palme brut, le riz, le poisson et les matériaux de construction.
Pour le ministre du commerce Luc Magloire Mbarga ATANGANA, « Si l’économie d’un pays dépend de l’extérieur, c’est un véritable suicide ». « Il y a une résilience physique au Cameroun, celle de la disponibilité des produits sur les marchés. Le taux d’inflation est de 4,4% » a-t-il déclaré.
Même si la hausse des prix des produits alimentaires importés est descendue à 18,6% septembre 2022, après 19,3% en août, en ce mois de Décembre, elle est remontée à pratiquement 20.2%. Selon l’organisme en charge de l’élaboration de la statistique officielle au Cameroun, « les pressions inflationnistes sur les produits alimentaires importés et locaux ne s’estompent pas : +18,6% sur les prix des produits alimentaires importés, et +14,9% sur ceux des produits alimentaires d’origine locale ».
Selon les experts, les tensions inflationnistes observées sur le marché camerounais depuis plusieurs mois maintenant résultent de l’explosion des coûts du fret maritime et des matières premières sur le marché international, en raison de la reprise postCovid-19 et de la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Cette conjoncture a renchéri le coût des produits provenant du marché international.
Bernard Rodrigue Billong