L’assassinat du journaliste et Chef de Chaîne Martinez Zogo dont le corps mutilé et en état de décomposition avancé avait été retrouvé le 22 Janvier 2023 dans un espace vide près de Yaoundé, capitale camerounaise est sans doute venu dévoiler les manquements d’un système visiblement incontrôlé et dans lequel les loups aux dents longues se disputent pour le contrôle de la meute.
La découverte de son corps sans vie et en décomposition avancé à Ebogo, une banlieu dans la ville Universitaire de Soa à environ 15 kilomètres de Yaoundé, avait choqué autant qu’elle avait indigné un peuple surexcité et divisé sur ce qui a fait la popularité de cet animateur radio via son programme dénommé ‘’ Embouteillage ‘’ et dont la ligne éditoriale dénonçait les manquements d’un système sous l’emprise de certaines hautes personnalités décidés à faire du Cameroun leur gâteau et leur héritage personnel. Martinez Zogo dénonçait, mettait à nu, et informait le peuple pour le prendre à témoin. Un exercice qui ne plaisait pas aux mis en cause et qui était même devenu un lieu de règlement de comptes entre hauts placés.
Embouteillage au sein de l’appareil dirigeant
Selon certaines langues proches ou non du regretté Martinez Zogo, l’émission ‘’ Embouteillages ‘’ sur les ondes de la radio Amplitude Fm allait au-delà même de la fréquence 103.3 méga hertz pour s’installer au sein de l’appareil gouvernemental et jusqu’à devenir un outil de ‘’ règlements de comptes et sabotage ‘’ entre ministres, Directeurs généraux et autres hauts placés du système, chacun cherchant à se blanchir devant le peuple et devant le ‘’ créateur ‘’. Tous les moyens étaient bons et Martinez Zogo dont la voix était si écoutée aurait été le canal idéal pour une guerre à distance et aux longs couteaux. Covidgate, Cangate et siphonage de certaines lignes du budget de l’Etat, tout passait au crible des embouteillages dans un ciel noir. La dernière affaire mise sur les ondes par le chef de chaîne de la radio Amplitude Fm avant sa disparition et son décès, était la gestion des lignes 94 et autres… mettant en exergue l’homme d’affaires Jean Pierre Amougou Belinga et certaines pontes du régime. Martinez Zogo disait détenir des documents ultra sensibles et qui confirmaient par preuve tout ce qu’il déclarait sur les Ondes. D’où obtenait-il ces documents jugés ultra secrets ? Qui les lui donnait-il ? Beaucoup de langues voyaient par là une guère de clan et de réseaux dont les origines proviendraient des services même de la présidence de la République.
Embouteillages au sein du sein service de renseignement.
Si l’arrestation de Jean Pierre Amougou Bélinga et compagnie au lendemain de l’enquête ordonnée par le chef de l’Etat ne semblait pas émouvoir le peuple camerounais au regard des dernières révélations faites par Martinez Zogo et qui mettaient en cause l’homme d’affaire, l’aveu fait par Charles Tchoungang, avocat de Jean Pierre Amougou Belinga devant la presse à Yaoundé le 17 Janvier 2023 a pour sa part stupéfié les cénacles du pouvoir. « Oui, le lieutenant-colonel Justin Danwe allait souvent voir Jean-Pierre Amougou Belinga pour le dépannage [pour arrondir ses fins de mois] et pour lui donner les infos sur la sécurité au niveau de la frontière Cameroun-RCA. » En quelques mots lâchés, Charles Tchoungang reconnaissait l’existence de liens entre son client et le directeur des opérations de la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE). Des déclarations qui venaient confirmer ce que le lieutenant-colonel Justin Danwe avait admis dans ses premières déclarations aux enquêteurs. Il avait déclaré avoir dirigé le commando qui a enlevé le journaliste Martinez Zogo, le 17 janvier dernier, lequel a été retrouvé mort cinq jours plus tard.
Pour ne rien arranger, les enquêteurs ont établi que les deux suspects avaient été présentés par Léopold Maxime Eko Eko, le patron de la DGRE.
L’affaire de l’assassinat de Martinez Zogo semble incontestablement être la clé qui ouvre tous les secrets noirs d’un système gangrené de l’intérieur dans la recherche d’un équilibre de pouvoir si ce n’est sa déstabilisation. Ministres, pontes du régime et service de l’Etat chargé du contre-espionnage, on n’est loin de connaitre les véritables secrets d’un pouvoir qui rend au silence ses propres enfants après les avoir utilisé à son avantage. Le contre-espionnage camerounais se retrouve brutalement sous les feux de la rampe. Voilà aussi que ce service, chargé de la sécurité d’État, s’est mué en porte-flingue d’un homme d’affaires et peut-être que le patron du groupe l’anecdote n’est pas le seul civil de sa trempe à bénéficier pire encore utiliser ce service pour des actions encore plus noires.
C’est surement la conséquence d’un système qui démontre ses limites et semblable à une maison où les enfants s’entre-tuent et utilisent chacun les moyens qu’il peut pour préparer le départ du chef de famille. On dira que « le moi n’est plus maitre dans sa propre maison »