Le fait de donner la mort à un individu a toujours été fermement prohibé par la religion et la loi. Mais face à des cas cliniques très graves avec des commas de longue durée, on est arrivé à se demander si le fait de mettre fin à une telle souffrance ne serait pas un apaisement.
Les 184 Français réunis dans la convention citoyenne sur la fin de vie ont récemment rendu un rapport préconisant les aides actives à mourir. Cette convention vient s’ajouter au format des Conventions citoyennes dont la côte est ascendante en France.
En effet, dans son rapport final, l’assemblée préconise d’ouvrir une « Aide Active à Mourir » (AAM), pour permettre l’euthanasie et le suicide assisté. Les citoyens conseillent au gouvernement d’engager des « changements profonds » sur le sujet, estimant que le cadre pour accompagner la fin de vie n’était aujourd’hui pas adapté, du fait d’une « inégalité d’accès » aux soins sur le territoire.
Les résultats tirés du vote de cette convention font savoir que 76% des citoyens de la Convention se sont prononcés en faveur de l’ouverture de l’AAM, alors que 23% estimaient que le cadre juridique actuel était insuffisant.
Il faut préciser que les contestataires soulignaient notamment que l’instauration d’une Aide Active à Mourir pouvait entraîner des « dérives » sur les personnes dépendantes ou souffrant d’altération du discernement. Malheureusement, leur voix n’a visiblement pas été entendue.
L’euthanasie : Une décision humainement difficile
La question de l’euthanasie ou de la mort assistée continue de diviser même au sein des membres partisan de cette convention. Dans le cas d’espèce, une grande partie de la Convention citoyenne conseille de laisser le choix entre l’euthanasie et le suicide assisté (40%). La première option impliquant l’administration par un soignant d’un produit létal, alors que la seconde nécessite que le patient réalise lui-même le geste final. Seuls 28% des citoyens souhaiteraient que l’euthanasie demeure une « exception », pour éviter de trop impliquer les soignants.
Il faut reconnaitre toutefois que le vieillissement de la population engendre l’hospitalisation de patients de plus en plus âgés et 70 % des décès ont lieu à l’hôpital référence Lelièvre, 2001. De fait, la question de la fin de vie se pose.
La vie, valeur suprême juridiquement protégée
Pour rappel, après la Seconde Guerre Mondiale et la découverte tardive des génocides, de nombreux États, dont la France, ont considéré qu’il était indispensable de s’unir autour de valeurs humanistes fondamentales. Le premier texte né de cette fédération fut la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, adoptée à Paris sous l’égide de l’Organisation des Nations unies le 10 décembre 1948. Il ressort clairement de son préambule :
« – que la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde ;
– que la méconnaissance et le mépris des droits de l’homme ont conduit à des actes de barbarie qui révoltent la conscience de l’humanité et que l’avènement d’un monde où les êtres humains seront libres de parler et de croire, libérés de la terreur et de la misère, a été proclamé comme la plus haute aspiration de l’homme ;… »
Vue sous cet angle, on serait tenté de dire que la loi française, tout en protégeant la vie fait de la fin de vie assistée une question de responsabilité individuelle.