Parvenus au terme du deuxième Sommet Russie-Afrique tenu à Saint-Pétersburg les 27 et 28 juillet 2023, votre journal La Crème Hebdo revient sur quelque morceaux choisis des interventions de certains Chefs d’Etats.
I- Intervention de S.E Moussa Faki Mahamat, Président de la Commission de l’Union Africaine
1- Fin de la guerre par des moyens pacifiques
« J’évoque, d’emblée, cette délicate question pour souligner l’importance que l’Union africaine a toujours attachée à la paix fondée sur le respect des principes immuables d’indépendance, d’intégrité territoriale, de souveraineté des États, de bon voisinage et de règlement de tous les différents entre voisins par les voies strictement pacifique de négociations et de compromis mutuellement acceptables et avantageux.
Tels sont les principes qui inspirent la position de l’UA africaine dans ce conflit fratricide immensément dommageable pour les deux pays et pour le reste du monde. Cette guerre doit cesser et elle ne peut cesser que sur ces bases de justice et de raison.
Les perturbations qu’elle provoque dans l’approvisionnement en énergie et en céréales doivent cesser immédiatement. L’accord sur les céréales doit être étendu au bénéfice de tous les peuples du monde, les africains en particulier ».
2- Le manque d’une réelle implémentation du premier sommet Russie-Afrique
« Dans le prolongement du précédent Sommet Afro- russe, l’Union africaine, ancrée dans la logique de l’Agenda 2063, se construit son horizon de coopération ouvert sur la diversité fonctionnelle. Nos choix partenariaux sont établis à la double lumière du critère de pertinence par rapport à nos propres objectifs de développement et de la prise en compte des intérêts des autres parties. C’est dans cet esprit que s’est déroulé le premier Sommet de notre partenariat avec la Fédération de Russie, sanctionné par l’adoption d’une déclaration fixant le cadre général de ce partenariat. À cause sans doute de l’impact d’un contexte économique sinistré par la pandémie de la COVID 19, et d’un manque de fermeté dans la programmation opérationnelle, les progrès sont restés limités.
Certes l’institutionnalisation du partenariat s’est matérialisée par le respect de certaines échéances telles que le Forum économique et la mise en place d’un comité conjoint d’experts chargé de la traduction en activités sous forme de plan d’action des dispositions de la Déclaration.
À juger des choses sous l’angle des réalisations concrètes, cependant, tout reste à faire et à faire vite si nous voulons garder à ce partenariat une dynamique conforme à l’histoire exaltante de nos relations et aux intérêts fondamentaux de nos peuples >>.
Les attentes
Le triptyque « Paix-Sécurité-Développement » retenu comme slogan du forum Afrique Russie s’est décliné à travers l’identification des domaines de coopération, opérée à l’intersection des attentes de l’Afrique et des compétences russes.
A ce titre, ces domaines conjointement convenus, ont porté, entre autres, sur
L’énergie, les infrastructures des transports et logement, l’Industrialisation, les technologies numériques, le Commerce, l’Agriculture, la Paix et la sécurité, l’exploitation minière moderne au moyen de la haute technologie, la transformation des minéraux, l’exploration géologique, la médecine, la science, l’enseignement et le transfert des technologies pertinentes au regard de ces priorités.
Sur un autre plan notre partenariat doit viser à améliorer la gouvernance mondiale et le renforcement du multilatéralisme, à travers la réforme de l’architecture financière internationale, la réforme du Conseil de sécurité des Nations Unies pour réduire l’injustice flagrante faite au milliard et demi d’africains privés de voix dans cette instance en charge de la paix dans le monde.
I- Paul Biya, Président du Cameroun : Un discours qui salue l’apport de la fédération de Russie en Afrique
« Je voudrais en même temps exprimer la gratitude de l’Afrique et du Cameroun en particulier, pour ce sommet qui permettra assurément de renforcer la coopération entre l’Afrique et la fédération de Russie. Certaines personnes sont peut-être un peu étonnées par l’intérêt que la fédération de Russie marque pour l’Afrique mais cet intérêt est ancien. Je dois rappeler, et tout le monde le sait, que dans les années 1960, pendant que l’Afrique luttait pour accéder à la souveraineté, la Russie a apporté à l’Afrique et à sa lutte, un appui sincère et efficace. Nous voulons une fois encore, remercier ce grand pays. Le forum d’aujourd’hui est la continuation de cette coopération qui a été bénéfique pour l’Afrique. Aujourd’hui, le monde est confondu à beaucoup de problèmes : la sécheresse, la crise, sans parler du covid que nous avons rencontré qui a fait beaucoup de ravages. Et aujourd’hui, le problème de l’inflation galopante et devant ces multiples problèmes, nous faisons appel à la collaboration que nous a toujours apportée la fédération de Russie. »
1- Problèmes soulevés et attentes
« Nous espérons que nos délibérations nous aideront à trouver des solutions à nos problèmes. Je veux simplement évoquer ici, quelques-uns de ces problèmes. L’Afrique qui compte plus d’un milliard d’habitants est sous représentée dans les organisations internationales; je parlerai notamment de l’ONU. Nous comptons sur l’appui de la Russie pour corriger certaines défectuosités. Nous voulons également dire que les problèmes de développement dans nos pays, ils sont énormes, aggravés par les crises. Nous souhaitons que la fédération de Russie comme par le passé, continue de nous soutenir pour trouver des investissements, des fonds pour investir. Nous souhaitons, par exemple, qu’on demande au FMI, de refaire une émission de DTS pour accroitre les financements des économies du tiers-monde et de l’Afrique en particulier. On a évoqué aussi les problèmes de la sécurité, le terrorisme. Nous remercions la Russie pour l’aide qu’elle apporte à beaucoup de pays pour combattre le terrorisme… Nous pensons que cette réunion nous permettra d’avancer dans la recherche des solutions. »
II- Capitaine Ibrahim Traoré du Burkina Faso : Un discours qui interroge ses pairs
« Je voudrais m’excuser auprès des ainés que je pourrai vexer dans mes propos à venir. Africanité oblige, le droit d’ainesse, je me dois de m’excuser. J’ai quelques questions de ma génération. Mille et une questions qu’on se pose. Mais nous n’avons pas de réponse. Il se trouve qu’ici nous pouvons laver notre linge sale parce qu’on se sent en famille. On se sent en famille en ce sens que la Russie est aussi une famille pour l’Afrique. C’est une famille parce que nous avons la même histoire. La Russie a consenti d’énormes sacrifices pour libérer le monde du nazisme pendant la seconde guerre mondiale. Les peuples africains, nos grands pères, ont été déportés de force aussi pour aider l’Europe à se passer du nazisme. Nous partageons la même histoire parce que nous sommes les peuples oubliés du monde; que se soit dans les livres d’histoire, dans les documentaires ou filmes, on tend donc à balayer le rôle prépondérant qu’ont joué la Russie et l’Afrique dans cette lutte contre le nazisme. Nous sommes ensemble parce qu’actuellement nous sommes là pour parler de l’avenir de nos peuples, de ce qui va advenir demain, de ce monde libre auquel nous aspirons, de ce monde sans ingérence dans nos affaires internes.
Quelques interrogations
Les questions que mes générations se posent, si je peux me résumer, c’est de ne pas comprendre comment l’Afrique avec tant de richesses dans son sol, avec une nature généreuse, de l’eau, du soleil en abondance, l’Afrique est aujourd’hui le continent le plus pauvre, l’Afrique est un continent affamé. Et comment se fait-il que nos chefs d’Etats traversent donc le monde à mendier ? Voici les questions que nous nous posons et que nous n’avons pas de réponses jusque là. Nous avons l’occasion de tisser de nouvelles relations et j’espère que ces relations puissent être les meilleures pour donner un meilleur avenir à notre peuple… »
III- Macky Sall du Sénégal : Discours marqué par la réponse au président capitaine Traoré
« Et pour répondre à notre jeune frère, notre cadet, Capitaine Traoré, Président du Faso, l’Afrique, les Chefs d’Etats ne sont pas venus ici pour mendier tout comme nous n’allons pas ailleurs pour tendre la main… » a déclaré Macky Sall avant d’ajouter que « le combat de l’Afrique est un combat pour la dignité, et ce combat, il transcende les générations ».