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samedi, 21 décembre 2024

Litiges fonciers :  » Que chacun rentre chez lui « 

Ces propos du sociologue et enseignant d’universités Claude Abe prononcés dimanche dernier dans une télévision privée sont diversement commentés par les camerounais de tous bords. A-t-il réellement tort ? N’a-t-il pas dit tout haut ce que se passe et se dit tout bas ?

C’est sûrement un sujet sensible au Cameroun, mais au-delà de sa sensibilité se cachent de nombreuses frustrations et des réalités dans une société où le repli identitaire n’est pas un secret. Au centre de ces frustrations qui sont enfuis dans le slogan ou la notion voilée ou pas de l’intégration nationale, les litiges fonciers qui constituent une véritable gangrène sociale et accroît une friction déjà consommée. Les propos tenus dimanche dernier sur le plateau de télévision Vision 4 dans le programme  » Club d’Elites » par le professeur Claude Abe sonnent comme clivant et tribalistes.

 » Chacun devra rentrer chez lui, il ne faut pas rester sur ce principe de république pour envahir les gens dans leurs villages «  fin de citation. C’est ce bout de phrase qui fait polémique depuis déjà quatre jours au Cameroun. Mais pourquoi fâche-t-elle autant ? Ces propos n’aurait-elle pas un soupçon de vérité ? Une chose est certaine, si cette position du professeur Claude Abe divise tant, c’est parce que, il faut le dire, elle a touché là où il fallait. Loin de se positionner en défenseur, il est temps que les camerounais se disent certaines vérités et ceci les yeux dans les yeux.

S’il est incontestable que la nation prime au-dessus de toutes considération et appartenance, il est aussi vrai que le droit du sol est reconnu sur le plan du droit et confère un certain nombre de prérogatives aux peuples autochtones. Aujourd’hui, certains peuples, certains autochtones parce que dépourvu de moyens, se voient simplement et purement spoliés de leurs terres par des venus d’ailleurs, détenteurs d’un pouvoir relationnel hybride. C’est une réalité qui est connu de tous et dont les principaux instigateurs et animateurs se recrutent parmi les hauts dirigeants du pays décidés à réduire à néant  » les pauvres », comme pour confirmer cette assertion d’un contemporain qui disait je cite :  » Les faibles (pauvres) n’ont pas droit à la vie » et par conséquent droit à rien. Les cas sont légions au Cameroun, Douala, Yaoundé, Bertoua, Ebolowa.

On se souvient encore de cette dénonciation portée par un journal en ligne kamerinfosplus pour ne pas le nommer et qui mettait à nue ce trafic et ces ventes illicites de terrains dans l’arrondissement de Ngoro département du Mbam et Kim région du Centre. S’il est important de reconnaître que certaines régions sont moins loties en terme de terrains, il est aussi vrai qu’une réforme agraire s’impose de façon urgente. Il ne faut pas confondre la tribalité au tribalisme car le premier est une affirmation avec fierté à la tribu à laquelle l’on appartient et le second se veut clivant.

C’est un problème de fond, un coup donné à la fourmilière par un homme dont le sens des analyses n’a jamais divisé. Interrogé par Radio France International, le professeur campe sur ses positions : « Je ne regrette aucun de mes propos, il n’y a aucun mea culpa parce que je reconnais n’avoir aucun propos clivant mais plutôt avoir répondu à un problème de société, un problème d’intégration sociale, d’injustice sociale … », déclare-t-il. Il est temps que les camerounais s’intéressent aux vrais problèmes et cessent ce que Claude Abe appelle de la  » victimisation sociale ». L’affaire sera-t-elle portée devant les tribunaux ? Tout porte à le croire.

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