A l’occasion de la rentrée judiciaire 2022 le 23 février dernier, le procureur général près la Cour Suprême du Cameroun a fustigé la presse qui tend de plus en plus à sortir du cadre déontologique de ses missions  pour verser dans la désinformation. Luc Ndjodo pendant son réquisitoire s’est  également attardé sur l’usage abusif des réseaux sociaux où les internautes deviennent des tribunaux aux sanctions expéditives


Les instruments de communication traditionnelle sont aujourd’hui malmenés par les réseaux sociaux qui vont à la vitesse éclaire. Rien ne se cache plus. Informations, photos et vidéos inondent la toile. Rares sont les utilisateurs et internautes qui se soucient de la qualité et de la teneur de ce qu’ils servent au public. Les multiples dérapages observés ça et là touchent aussi bien des vies privées que les administrations publiques. Le procureur général près la Cour Suprême du Cameroun n’a pas hésité à percer l’abcès  au cours de l’audience solennelle de rentrée judiciaire du Cameroun le 23 février 2022 à Yaoundé.  Dans son réquisitoire à la salle d’apparat de la Cour Suprême, Luc Ndjodo a tenu à présenter à l’auditoire, les dangers de toutes ces dérives de la communication dans le réseaux sociaux.

Tel un cour magistral dans un amphithéâtre de l’Ecole Nationale d’Administration et de Magistrature, le Procureur général près la plus haute juridiction du Cameroun a tenu à apprécier le travail qui est fait par la communication dans les réseaux sociaux comme pour dire que tout n’est pas négatif à ce niveau « L’irruption des médias sociaux sur la scène internationale a constitué une véritable révolution. Il est même admis que les analphabètes du 21e siècle seront ceux qui ignorent les applications de ces moyens de communication moderne. La facilitation de l’accès à l’information accompagné par conséquent l’exercice des droits fondamentaux de la personne humaine et du citoyen ».

Appel à plus de responsabilité

La presse nationale est appelée à faire bon usage des réseaux sociaux.  Ce mode de communication ne renvoie aucunement au laisser aller : «  La ligne éditoriale de certains médias rime(…) avec libertinage ». Luc Ndjodo fait remarquer que l’immixtion dans le fonctionnement des institutions publiques  et dans la vie privée des personnes physiques peut avoir des effets dévastateurs : «  La qualité des messages et annonces véhiculés par certains organes de presse et dans les réseaux sociaux questionne de façon insistance la moralisation, les attitudes et comportements de certains hommes de médias ».

Il en est également des autres internautes et utilisateurs des plateformes Facebook, WhatsApp et autres. Le magistrat de haute cour évoque entre autres, la dépravation des mœurs, la désinformation, la diffamation, les fakes news, la publication des images intimes, la diffusion des vidéos et actes de cruauté, les photos montées de toutes pièces.

Dans les plateformes, les internautes s’érigent en tribunaux, prononcent des sanctions à la va vite. Une justice expéditive qui ne prend pas en compte la notion de présomption d’innocence. Les dérives observées sont passibles de condamnation une fois que l’on est assigné en justice.

Aux médias, le procureur général près la Cour Suprême appelle à l’observation des règles de déontologie du métier et invite le Conseil National de la Communication à accentuer la lutte contre la propagation des discours haineux et inciter les médias au respect de la déontologie.

 

Jean Baptiste Bidima

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