Au cours de la séance plénière du mardi, 04 avril 2022 à l’hémicycle du Palais des congrès de Yaoundé, le président de l’Assemblée nationale Cavaye Yeguié Djibril a fustigé le manque d’intérêt que plusieurs élus du peuple accordent aux travaux.

Entre le président de l’Assemblée nationale et les autres députés, la mayonnaise ne prend plus. Au centre de la pomme de discorde, l’absence très remarquée de plus de 100 députés aux travaux à l’hémicycle du Palais des congrès de Yaoundé. L’honorable Cavaye Yeguié Djibril dit ne pas comprendre cette attitude des élus de la nation qui, partis de leur base électorale pour prendre activement part aux travaux de la Session parlementaire du mois de mars, arrivent à prendre d’autres directions que celle de l’Auguste chambre. Le phénomène s’observe depuis la cérémonie de lancement des travaux et le président de l’Assemblée nationale n’en peut plus. Cavaye Yeguié Djibril s’est insurgé contre cette façon désinvolte des membres de la représentation nationale de travailler pour le peuple. Encore que le pouvoir législatif comme son nom l’indique, légifère. Il est appelé à examiner les projets et propositions de loi afin de les rejeter ou les adopter car, la vie de la nation toute entière en dépend. Encore que lundi, 04 avril 2022, le ministre de la santé publique défendait le projet de loi relatif à la recherche médicale impliquant la personne humaine. Un projet qui vise entre autre, la protection des participants à la recherche notamment dans les essais cliniques et études interventionnelles. Cavaye Yeguié Djibril ne pouvait plus garder ce silence pour ne pas être complice du mauvais travail qui est fait par ses pairs : « Regardez la salle. Ils ont dit à leurs électeurs, nous allons à l’Assemblée. Ils ne sont pas là. L’autre jour, ils étaient 38. Vous devez être au moins 100. Quand vous rentrerez dans vos villages, si on vous pose des questions, qu’est ce qu’on a dit à l’Assemblée ? Vous ne pourriez rien dire ».

Le mal est profond

Comment comprendre qu’en dehors des 10 députés déjà décédés sur les 180, que l’on n’arrive pas avoir 50 députés à l’hémicycle qui prennent part aux travaux. Surtout pour une session aussi importante qui donne le ton de l’année législative. Pour le citoyen ordinaire, l’absence des députés aux travaux de l’Assemblée n’est pas surprenant : « Quand on vous dit ici que si on vous explique le Cameroun et que vous dites que vous l’avez compris, c’est qu’en réalité vous n’avez rien compris. Le Cameroun fonctionne comme ça. On voit certains députés se pavaner à l’hôtel des députés avec des jeunes filles. Ils se croient en villégiature et après, ils vont émarger et retourner chez eux. Conséquence, pas de compte-rendu parlementaires, pas de descente sur le terrain pour expliquer à l’électorat ce que l’on a dit à l’Assemblée. Ils s’en foutent. Ils ont leurs avantages, les marchés publics, l’argent des micros projets parlementaires ainsi de suite.  Vous comprenez donc pourquoi, il n’y a plus de propositions de loi à l’Assemblée. C’est le gouvernement qui initié tout à travers ses projets de loi. Comment avec un tel comportement, le pouvoir législatif ou judiciaire ne sera pas phagocyté par l’exécutif ? Ils attendent tout de lui », fait remarquer un acteur de la civile.

L’attitude qu’affichent les élus de la nation, traduit donc à suffisance le manque de sérieux et d’intérêts que d’aucuns accordent aux affaires du pays. Le même comportement s’observe généralement lors de la tenue des conseils municipaux dans les mairies. Dans une commune dont nous préférons taire le nom, les conseillers municipaux avaient exigé au maire leur enveloppe avant le début des travaux : « Mes conseillers m’avaient exigé leur argent avant même le début des travaux et après, plusieurs sont partis sans pour autant faire leur travail. Je me souviens qu’il y a eu une session ici où toutes mes libérations n’avaient pas été validées par les conseillers municipaux parce que j’avais écarté l’émargement avant les travaux. Donc, ce que le président Cavaye déplore ou décrit là, nous-mêmes au niveaux des mairies le déplorons également. Il faut donc revoir qui est ce qu’on envoie à l’Assemblée pour défendre les intérêts du peuple. S’ils sont absents là-bas, ça veut simplement dire que le peuple est abandonné à lui-même, personne pour le défendre. Et quand on se souvient que, c’est à l’Assemblée que l’on vote les lois et le budget, vraiment, il y a de quoi s’inquiéter pour l’avenir de la nation ».

L’absence de plusieurs députés aux activités de l’Assemblée nationale au sein de l’opinion publique fait grand bruit. D’aucuns estiment que, ceux qui ne prennent pas part aux travaux ne devraient pas émarger à la fin de la session. Ceux qui le font peuvent être assimilés à ceux qui détournent les deniers publics.  C’est donc une affaire à suivre.

 

Jean Baptiste Bidima

 

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