En analysant la situation sociopolitique et économique de l’heure, plusieurs sociologues et chroniqueurs politiques s’accordent à dire que, le Cameroun est sur un levier fragile qui pourrait à tout moment se briser et mettre ainsi en mal, la paix tant protégée par la plupart des camerounais.  Les vieux démons peuvent resurgir. Ils attirent donc l’attention du régime en place à veiller comme un soldat. 

Les évènements du 06 avril 1984 sont encore dans la mémoire de plusieurs camerounais. Ils disent se souvenir comme si c’était hier, des évènements de ce fameux jour qui a failli mettre la paix aux éclats au Cameroun. Ce jour funeste où, pour la première fois, les forces républicaines se sont affrontées aux putschistes. Les faits saillants ici, constituent pour les jeunes camerounais, un monument de souvenir car, le 06 novembre 1982, le deuxième président du Cameroun prenait le pouvoir de façon pacifique. D’aucuns ont parlé de gré à gré entre le président Ahidjo et son Dauphin constitutionnel Paul Biya.

Mais, personne n’avait imaginé que 02 ans plus tard, l’on allait vivre le scénario de ce qui est désormais appelé, la tentative de coup d’État du 06 avril 1984.

Flash-back sur l’histoire

Certains analystes de la scène politique font des similitudes entre le malaise des camerounais d’antan et ceux d’aujourd’hui pour amener le régime en place à comprendre, que l’heure n’est plus celle de la négligence des problèmes des camerounais.  Après l’indépendance du pays, plusieurs citoyens animés d’un sentiment de nationalisme avaient été prise en chasse comme de vulgaires assassins nuisibles à l’émergence du pays : « Souvenez-vous que les patriotes de l’Upc n’avaient pas le sommeil tranquille. Ils étaient considérés comme des maquisards et même jusqu’à l’heure actuelle, l’on refuse de reconnaitre ces héros comme des nationalistes qui ont lutté pour une cause noble. Vous aviez à l’époque, une idéologie unique, une autre façon de concevoir les choses n’était pas admise ; la plupart des syndicalistes de l’époque ont souffert. Plusieurs écrivains ont laissé leurs plumes. Vous vous souvenez de l’histoire de Mongo Beti de son vrai nom, Alexandre Biyiti, vous saviez qu’à l’époque, si tu parlais du président à 8 heures, à 12 heures au plus tard, il était au courant ?  Et quand on vous invitait à la Présidence, on parlait de vous au passé avant même d’atteindre le palais. Les acteurs politiques avaient maille à partir avec le régime.  C’était en quelque sorte, une dictature voilée. Et vous voyez que le peuple était mécontent. Pas de liberté d’expression ou d’opinion. C’était l’omniprésence, l’omnipotence et l’omniscience du système central. Paul Biya prend le pouvoir dans ce climat qui si j’ai bonne mémoire, s’est pérennisé jusqu’en 1990. La tentative de coup d’état proviendra du fait que, d’aucuns avaient estimé qu’il n’était pas temps d’abandonner le pouvoir une fois que le président de la première République, s’était rendu compte en fait qu’il n’était pas malade comme le lui avait laissé croire la puissance métropolitaine.  Les divisions internes au sein des populations voire des ethnies avaient ébranlé la paix au Cameroun », raconte un témoin de l’histoire.

L’attention du gouvernement est tirée au regard des crises actuelles qui tendent à perdurer. Certains hommes avertis font remarquer cette nervosité qui habite les camerounais : «   A la base de l’attitude qu’affichent plusieurs, l’histoire des faits sociaux en parlent. Il en est notamment de la crise dite anglophone, les attaques Boko Haram, les divisions tribales ( tontinards et sardinards),  la vie chère, les revendications des enseignants et autres corporations, l’oppression des leaders politiques entre autres. Vous croyez vraiment que les gens digèrent les casses ? Que fait-on de l’accaparement des terres par les riches et la confiscation des grandes écoles pour leurs enfants. Ça crée des frustrations mon fils.  Nous avons un semblant de paix. En réalité, ça ne va pas. Tout peut exploser à tout moment ».

Si comparaison n’est pas raison, il y a qu’en même lieu de tirer la sonnette d’alarme. Les démons peuvent être au sein du sérail, dans certaines corporations, dans les ONG et même au sein de la société civile.  Le gouvernement gagnerait à y veiller et non de se souvenir de la tentative de coup d’état de 1984 comme un fait banal de l’histoire.

 

Jean Baptiste   Bidima

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