Le salaire minimum interprofessionnel garanti(Smig) restera toujours égal à 36.720 FCFA au Cameroun. Les efforts des responsables syndicaux pour revaloriser le Smig en cette période de vaches maigres, sont restés un coup d’épée dans l’eau car, l’on observe une certaine réticence de la part du gouvernement et du mouvement patronal.

 

Personne ne saurait voir Rome brûler sans rien faire s’il n’a les yeux de Néron. En effet, la vie au Cameroun est devenue extrêmement coûteuse qu’il devient pratiquement impossible de joindre les deux bouts. Si la vie chère menace les nantis, combien à plus forte raison les démunis sur qui reposent les espoirs de toute une famille ? Les responsables syndicaux des travailleurs estiment qu’il faut revoir à la hausse le salaire minimum interprofessionnel garanti(Smig) pour permettre à plusieurs camerounais de supporter le coût actuel de la vie. En effet, le Smig au Cameroun est de 36.720 FCFA, tellement insignifiant que la charge de la vie quotidienne de plusieurs familles. Le coût de ce salaire minimal avait d’ailleurs suscité à son adoption des railleries du public qui estimait que le ministre du Travail n’avait aucune connaissance des prix des produits de consommation et de construction : « comment un ministre peut-il affirmer en mondovision qu’on peut vivre avec 36.000 FCFA au Cameroun ? Je tiens à lui rappeler que le loyer d’une chambre moderne coûte au moins 25.000 FCFA, un studio moderne c’est dans les 30, 35.000 FCFA, une maison moderne commence dans les 45.000 ou 50.000 FCFA ; le sac de riz puisqu’on se nourrit déjà avec du riz au Cameroun, coûte 26.000 FCFA, le vrac c’est dans les 20.000 ; un litre d’huile raffinée 1600 FCFA, un tas de Manioc à 2000 ; un kilogramme de viande 3.500 FCFA. Je ne parle pas du poisson, des matériaux de construction. Investir et se nourrir à 36.720 FCFA, c’est inhumain. C’est même de la méchanceté » de l’avis d’une femme de ménage rencontré au Marché Essos à Yaoundé. Cette dernière estime que l’on travaille au Cameroun pour se nourrir mal même au moment de la retraite. Car, ce n’est pas avec 36.00 FCFA qu’on va construire une maison au village, assurer son loyer à en ville, envoyer les enfants à l’école pour préparer leur avenir.

L’anticipation est morte

Pour éviter des soulèvements populaires et surtout les émeutes de la faim comme en février 2008, le mouvement syndical des travailleurs par anticipation a souhaité que le gouvernement et le mouvement patronal essaient de revoir à la hausse, le smig au Cameroun. Seulement, la réunion tripartite du jeudi 16 juin 2022 entre le ministre du Travail et de la Sécurité Sociale- le mouvement patronal -les responsables des syndicats des travailleurs a accouché d’une souris. Rien à se mettre sous la dent pour une telle réunion porteuse de beaucoup d’espoir au sein des travailleurs. Le smig reste et demeure 36.720 FCFA. Les échanges bien que fructueux n’ont pas abouti à la revalorisation du smig. Les patrons d’entreprises disent faire face aux réalités de la crise russo- ukrainienne. Côté gouvernement, c’est le temps de la résilience. Il faut surmonter et supporter les dépenses liées à la crise sanitaire et sécuritaire, à la gestion du flux des réfugiés, à la dette extérieure entre autres. L’Etat réussi déjà l’exploit de payer chaque fin du mois, les salaires des fonctionnaires.

Seulement, au regard des revendications actuelles des enseignants et des médecins, les lignes ont bougé. La loi des finances de l’exercice en cours a été réexaminé au parlement. Chose tout à fait louable. Seulement, l’on souhaite que le smig soit revu à la hausse pour la survie de plusieurs camerounais. Le statut quo de ce salaire minimum à la taille d’un pouce, n’arrange pas l’Union des Syndicats Libres du Cameroun qui estime que, le gouvernement et le mouvement patronal refusent de s’initier au culte de l’anticipation. Plusieurs problèmes au Cameroun pourrissent et engendrent des grèves, des revendications par négligence et absence d’anticipation. A l’allure où la vie chère étrangle les ménages, il est évident que seule, la résolution par anticipation de ce problème serait avantageuse à l’Etat et aux chefs d’entreprises. Le mouvement syndical pense qu’il faut savoir étouffer dans l’œuf, les soulèvements et les mécontentements populaires. Durcir le ton est voisin de la dictature.

 

Jean Baptiste Bidima

 

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