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samedi, 27 juillet 2024

« J’ai dit aux Camerounais de ne pas se vacciner, je l’ai aussi dit aux Français parce que ce qu’on nous proposait, ce n’était pas du vaccin contre le Covid-19 »

Bruno ETO, le Professeur en Sciences du Médicament démontre l’importance de la médecine traditionnelle et la place centrale de la recherche pour le développement des pays africains.

 

Quel est, selon vous, la casquette qui vous sied le mieux ?

Moi-même je ne sais pas, ça dépends du milieu où je suis. Je suis professeur en Sciences du Médicament, je suis un industriel parce que j’ai un laboratoire pharmaceutique qui fabrique des médicaments et puis, je suis consultant. Je suis d’abord enseignant-chercheur, je fais de la recherche pharmaceutique, j’enseigne dans des universités et je suis aussi industriel. Alors, ça dépend du milieu où je me trouve. Quand je suis à l’Université, je me réduis à être professeur, je donne des cours, j’encadre les étudiants qui préparent leur doctorat, leur thèse, et quand je suis avec les industriels, j’utilise le langage de l’industrie. Quand je vais dans les laboratoires de recherche, je deviens un chercheur.

De façon générale, quelle appréciation peut-on faire de l’évolution de la recherche en matière de médicament ?

Dans le domaine de la recherche pharmaceutique, nous sommes déjà très avancés en Europe, par rapport à ce qui de fait en Afrique Donc, il y a un retard et maintenant, les professionnels de la santé, ceux de l’industrie ne veulent plus faire les médicaments à l’ancienne, on est en train  de développer de nouveaux médicaments, ce que nous appelons des médicaments biologiques ; on ne peut pas les copier, ce n’est pas comme le paracétamol ou les médicaments chimiques allopathiques qui peuvent être copiés après vingt (20) ans et ça devient un médicament générique. Ils veulent partir de ce domaine où il n’y aura plus des génériques en tant que tels parce que les bio-similaires qui seront à peu près les génériques des médicaments biologiques, ne seront pas exactement la même chose. Donc, tous les professionnels de la santé en Europe vont maintenant vers les médicaments biologiques. C’est pour cela que lorsqu’il y a un problème comme le Covid-19ils préfèrent aller vers le vaccin. Alors que quand il y a des pandémies, il faut faire de la recherche, il fait d’abord soigner puis vacciner pour que la maladie ne revienne pas… Vous voyez que nous sommes à la croisée des chemins car, ils ont choisi les médicaments biologiques pour des raisons économiques et financières. Ces médicaments seront carrément inaccessibles parce qu’on ne pourra pas les copier et les Africains seront toujours à la traîne.

En tant que président du Conseil Scientifique Africain pour l’Innovation en Santé, quel constat faites-vous au niveau de l’Afrique en général, et du Cameroun en particulier ?

Je ne vais pas vous mentir, la situation est catastrophique ; elle est tellement décourageante. On manque même de courage pour se lancer dans ce domaine et pourtant, il y a une vision et beaucoup de choses. Ce qui nous tue en Afrique, c’est que les dirigeants africains, ceux qui ont le pouvoir de décider, ne comprennent pas la situation, ils sont perdus… Nos universités, par exemple, sont excessivement en retard et nous pouvons en parler pendant des semaines et des semaines. Je vous prends le cas du Cameroun… Nos universités sont démunies, elles n’ont rien. Et c’est pourquoi nos chercheurs s’associent à d’autres chercheurs occidentaux pour faire de petits laboratoires à eux. Vous savez qu’un professeur, pour passer un grade à l’autre est noté à partir du nombre de publications alors qu’ils n’ont pas de matériel pour travailler. L’Etat ne met pas assez de moyens pour la Recherche. Et quand je discute avec les hommes politiques, ceux qui prennent les décisions, ils me disent que quand on donne des moyens aux chercheurs, ils n’en font rien ! Par conséquent, il est préférable d’investir dans les routes, dans l’alimentation, pour des choses urgentes… A mon avis, lis (les hommes politiques) ont raison. Et c’est mon combat depuis trente (30) ans. En Afrique, on ne fait pas la recherche appliquée, or le développement un pays passe par la recherche appliquée.

Professeur, quelle est la place de la Recherche dans politiques publiques ?

La Recherche devrait être le moteur dans la politique publique… Vous ne pouvez jamais développer votre pays si vous ne faites pas de la Recherche appliquée. C’est la raison pour laquelle, on classe les pays développés en fonction du nombre de brevets qu’ils possèdent. Vous aurez toujours des chiffres sur le nombre de brevets de la Chine, des Etats-Unis etc… Malheureusement, demandez le nombre de brevets au Cameroun… Vous allez remarquer qu’à moi tout seul, j’ai plus de brevets que toutes les universités camerounaises réunies

De façon concrète, qu’est-ce qui doit être fait ?

C’est visible, si vous voulez développer le Cameroun, vous devez faire de la Recherche appliquée sur le Cameroun et travailler par exemple, sur le manioc, sur le cacao…Travailler sur des choses dont nous avons besoin chaque jour. Si vous ne faites pas cela et que vous laissez les Européens et les autres venir le faire, je pense que vous ne serez jamais développés. Regardez le problème de nos maladies, notamment le paludisme ; ce sont les Européens qui n’ont plus le paludisme chez eux qui financent et qui produisent les médicaments contre cette maladie. Si nous on ne fait pas la recherche sur les choses qui nous concerne, si on ne fabrique pas des médicaments pour nous, la situation restera catastrophique. C’est pour cela qu’il faut ouvrir les yeux en disant qu’il faut travailler pour les nôtres. Chacun travaille d’abord pour soi, avant de travailler pour les autres. Tu ne peux pas aller donner à manger aux autres, alors que tes enfants ont faim et ta population souffre. Alors, la Recherche africaine doit d’abord se baser sur le bien-être de l’Afrique.

Dans le cadre du Covid-19, quelles sont les actions menées par les chercheurs africains ?

Nous avons beaucoup travaillé. Comme vous l’avez précisé, je suis le Président du Conseil Scientifique Africain pour l’Innovation en Santé. Dans cette association, il y a plus de 130 professeurs européens et africains. Alors, avant que la maladie se propage et s’aggrave, nous avons fait des propositions, on a écrit aux Chefs- d’Etats. Nous avons fait des messages dans lesquels nous avons dit ce qui va arriver, comment ça va arriver et ce qu’il faudra faire ? Prenons le cas du vaccin, j’ai écrit aux Chefs-d ‘Etat, aux ministres et à tous les professionnels de la santé ; nous avons précisé que dans tous les pays du monde, ceci depuis l’Antiquité, quand il y a une pandémie, on cherche d’abord à trouver les médicaments pour soigner les populations et le vaccin vient après. Par conséquent, qu’on ne vienne pas nous mentir, car pour développer un vaccin ça prend du temps, cela peut prendre 9 ans, 10 ans pour avoir un bon vaccin. Aucun vaccin au monde ne peut se faire en 2 ou 3 mois, c’est techniquement impossible. Donc, nous avons dit aux Africains de ne pas se lancer là et de commencer à prendre des médicaments efficaces. Et à ce titre, j’ai mis au point la Fagaricine et qui marchait bien. La preuve : les Gabonais, ainsi que les Européens ont commencé à prendre la Fagaricine et même certaines autorités camerounaises ont commencé à prendre ce médicament. On a mis au point la Biodefensine avec toute l’équipe du Conseil Scientifique Africain ; et la Biodefensine marche bien car les Américains, les Européens l’utilisent. Tout cela c’est notre participation qui a permis de mettre au point ces recettes.

Votre position par rapport au Vaccin anti Covid-19 ?

J’ai dit aux Camerounais de ne pas se vacciner, je l’ai aussi dit aux Français parce que ce qu’on nous proposait, ce n’était pas du vaccin… Et maintenant, tour les scientifiques du monde, les vrais ont fait le constat ; même les gens qui ont mis au point ce vaccin disent qu’ils n’ont pas fait les tests sur les animaux, ou sur les êtres humains et tous reconnaissent que c’est inefficace. Vous voyez que quand le politicien se mêle de la science, ça donne des résultats très catastrophiques. La majorité des Chefs-d ‘Etat ont suivi le discours officiel des Européens. Maintenant, ils sentent qu’ils se sont trompés, et que le vaccin contre la Covid-19 n’a pas d’efficacité. Les gens sont malades, même après vous être vaccinés, vous pouvez en mourir. Donc, ce n’est pas efficace. Nous commençons à dire que les conséquences dans 5 ou 6 ans seront catastrophiques. Vous verrez des maladies qui vont apparaître, car ils ont fait des choses qu’on ne fait pas en Science. En Science, on doit vérifier tout, étape par étape.

Face à tout cela, la contribution de la médecine traditionnelle ne se pose-t-elle pas avec acuité ?

Oui. C’est quelque chose de très important, la médecine traditionnelle. Si vous vous rappelez de la réunion des Chefs d’Etat en Afrique, ils ont commencé à travailler pour l’harmonisation de la cueillette des plantes médicinales, l’harmonisation des tradipraticiens. Vous savez que l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) Afrique et l’OAPI (Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle) avaient fait des référentiels pour la reconnaissance des tradipraticiens. Un pays comme blé Burkina Faso, les tradipraticiens sont reconnus par le ministre de la Santé. Si vous soignez diarrhée et que c’est vérifié par les médecins, on vous donne un certificat de médecins pour la diarrhée uniquement. Dans des pays comme le Mali et le Burkina Faso, vols sont avancés. Dans ces pays, il y a des médecins traditionnels qui sont reconnus par l’Etat, on les forme, on fait des séminaires. Ces derniers ont vraiment intégré cet aspect en disant que la médecine traditionnelle peut les sauver. De toutes façons, les médicaments chimiques sont faits à partir des plantes, ils ont fait des extraits et appliquer tout le processus. On doit sauvegarder cette médecine traditionnelle car c’est elle qui va nous sauver dans le futur, quand on ne pourra pas avoir accès à ces médicaments qui sont excessivement chers pour nos populations. On va revenir sur les médicaments à partir des plantes. Il faut que l’Afrique développe la pharmacopée traditionnelle parce que c’est elle qui va sauver l’Afrique plus tard.

 

Interview réalisée par Brice Ngolzok

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