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samedi, 27 juillet 2024

Commission Mémoire sur le Cameroun : L’indignation de la Société Camerounaise d’Histoire

Après la mise sur pied par le Président français Emmanuel Macron de la commission mémoire sur le Cameroun, la Société Camerounaise d’Histoire exprime son indignation sur la méthode utilisée par le Président français.

Ci dessous l’intégralité du communiqué signé du Président de la Société Camerounaise d’Histoire, le Professeur Daniel ABWA.

COMMUNIQUE DE PRESSE

Le Président de la Société Camerounaise d’Histoire (SCH)

A ceux qui ont désigné les co-directeurs de la « commission mémoire sur le Cameroun »

Objet : Indignation

Dès le départ, nous savions que c’est une mascarade que prépare l’annonce faite à Yaoundé en juillet 2022 par le Président de la République française. Que le Président français, en effet, en présence du Président de la République du Cameroun, se permette d’affirmer qu’il allait créer une commission mixte des historiens camerounais et français sans utiliser le pronom NOUS qui devait préjuger d’un accord entre les deux homologues, nous avait paru extrêmement arrogant.

Que nous apprenions aujourd’hui, que la fameuse « commission chargée de travailler sur l’ action de la France au Cameroun pendant la colonisation et après l’indépendance du pays », est composée de « l’historienne Karine Raymondy pour le volet recherche et le chanteur Blick Bassy pour un volet artistique », c’est plus qu’une insulte pour les historiens camerounais. C’est pourquoi, par ma voix, la Société Camerounaise d’Histoire (SCH) exprime solennellement toute son indignation.
Que les initiateurs de cette nouvelle mascarade ne s’y méprennent pas. Cette histoire de « l’action de la France au Cameroun », avec ou sans le concours de la France, va s’écrire.

Les Historiens camerounais en ont déjà écrit une bonne partie malgré les archives non déclassifiées françaises et ils vont continuer de le faire grâce à leur génie qui n’a jamais été démenti. Les crimes et les massacres de la France au Cameroun sont des faits historiques dont les prémisses sont déjà connus et il suffit seulement de les creuser davantage pour mettre la France devant ses responsabilités et justifier la transformation de l’accusation formulée

contre ces actes en crimes contre l’Humanité. Nous pouvons entre autres citer les atrocités de Théodore Paul Marchand qui, pendant dix ans (1923-1933) a terrorisé les Camerounais ; la chasse aux sorcières et les procès iniques contre les germanophiles camerounais membres de la KEDGV (1934-1943) ; les massacres consécutifs aux résolutions de la conférence de Brazzaville (septembre 1945) et ceux frisant le génocide avec pilonnement aérien des civils désarmés avant, pendant et après la guerre de libération du Cameroun (1948-1971). Nous n’oublions pas les assassinats des nationalistes camerounais…

Que la République du Cameroun s’inspire de cette volonté française d’écrire l’histoire du Cameroun sans les historiens camerounais pour réveiller cette splendide et judicieuse commission de l’écriture de l’histoire générale du Cameroun entrée en profonde dormance depuis quelques temps malgré l’enthousiasme manifestée par les Historiens camerounais. Au besoin, ne serait-il pas plus opérationnel que le Gouvernement camerounais confie la gestion de cette commission aux historiens camerounais qui n’assurent actuellement que la Vice Présidence de cette structure et sont de ce fait impuissants devant les silences de la présidence de la commission?

Enfin, il serait grandement temps, pour l’intérêt de la France, de comprendre que la période coloniale n’est plus d’ actualité en Afrique aujourd’hui même si le Gouvernement français s’est attaché la complicité des Historiens chantres de la post-colonie. Il est utile que la France sache que la jeunesse camerounaise d’aujourd’hui à la différence de celle d’hier n’adhère pas à la néo-colonie puisqu’elle est née dans un Cameroun libre même si son indépendance a été biaisée. Par sa jeunesse et grâce à son patriotisme, le Cameroun va recouvrer sa souveraineté. En tout cas, les Historiens camerounais n’ont de leçon à recevoir de personne car leur capacité à écrire et enseigner l’Histoire est reconnue et appréciée, partout dans le monde à travers les étudiants formés et évalués par eux. Et ceci même dans les Universités françaises.

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