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mardi, 3 décembre 2024

Cameroun-Travail Domestique : La société civile plaide en faveur d’un encadrement juridique du métier

Les travailleurs domestiques au Cameroun continuent d’être victimes de nombreux abus de la part de leurs employeurs. Une situation consolidée par le manque d’une législation qui garantisse au mieux les droits de cette catégorie des travailleurs.

La rencontre du 15 juin 2023 entre Confédération Camerounaise des Travailleurs (CCT), le Bureau International du Travail, Horizons femmes, Act together, ASDAM, la Centrale Syndicale du Secteur Public avec les professionnels de la presse a pour objet de relayer ce plaidoyer en vue d’un changement de regard sur cette profession et interpeller les parlementaires camerounais sur la ratification de la Convention 189 de l’Organisation Internationale du Travail (OIT). En effet, bien que le Cameroun fasse partie à cette convention depuis le 11 juin 2016 , il ne l’a jamais ratifié. Or cette convention a ceci de particulier qu’elle fait du domicile de l’employeur un milieu de travail et donne la possibilité à l’inspecteur du travail de s’y introduire pour contrôler les conditions de travail de l’employé domestique.

Ainsi, il a été question pour ces différentes organisations coordonnées par le Bureau International du Travail (BIT) d’organiser des actions de communication de masse et de proximité auprès d’une vaste cible notamment la population en vue d’un changement de comportement et de faire du Travail Domestique un métier Noble.
Les ménagères, les chauffeurs, les agents de sécurité, les blanchisseurs, les agents de surface méritent d’être valorisés à leur juste valeur et une prise en compte par le gouvernement en vue garantir leurs droits est une urgence.

Selon ces acteurs de la société civil, au Cameroun, près de 80% des employés domestiques sont des femmes. Malheureusement, pour la plupart des cas, ce travail s’effectue dans des conditions précaires avec des salaires minables qui varient de 5000 à 60 000 FCFA pour les mieux payer. Ces personnes exploitées, abusées se sont réunies pour présenter leurs doléances entre autre l’harmonisation de leur statut et surtout la ratification de la convention 189 sur les travailleurs domestiques. La législation en vigueur dans le pays est désuète, obsolète et mérite d’être adaptée aux nouvelles réformes. La présidente du CCT, Madame Tangono Antoinette l’a souligné « la convention 189 qui codifie le travail domestique de cette 100ème session n’a jamais été ratifiée par le Cameroun. »

Tangono Antoinette, présidente nationale du CCT

Une situation très difficile qui a déjà fait l’objet de plusieurs revendications qui n’ont pas encore été prises en compte et continue de plonger les différents Travailleurs dans le désarroi. Madame Eyenga Marie, une jeune Travailleuse domestique la trentaine sonnée a commencé à exercer ce travail de manière temporaire tout en espérant avoir d’autres opportunités, mais au fil du temps elle se rend compte que la situation perdure  » ce travail ne me permet pas de subvenir à mes besoins. Nous avons des salaires minables, les horaires de travail ne sont jamais respectés. » Elle plaide pour une reconversion, la possibilité de s’offrir une formation  » Nous souhaitons bénéficier des formations dans d’autres domaines notamment l’hôtellerie, et l’inscription à la CNPS. »Plusieurs raisons sont suspectées d’être à l’origine de ce taux élevé des Travailleurs Domestiques au Cameroun notamment le chômage accru des jeunes, les crises sécuritaires dans les zones du Nord -ouest et du Sud-Ouest ; l’extrême nord.

A côté de ce traitement inhumain infligé à ces personnes qui sont parfois payées au prix d’un plat de nourriture dans certaines zones du pays, l’on note également un grand nombre d’enfants « Agés de 9 à 11ans qui sont obligés d’effectuer des travaux domestiques dans des résidences privées pour payer leur scolarité » Confie Madame Ngo Sende Chantal d’horizons femmes.

Madame Ngo Sende Chantal, d’horizons femmes.

Le BIT, acteur incontournable dans la lutte

Le Bureau International du Travail ne manque pas d’apporter son soutien sur tous les plans à tous ces acteurs en vue de valoriser les droits des travailleurs au Cameroun « La campagne que nous menons depuis le mois de janvier, est portée par cinq organisations. La vision du BIT est de changer cette perception, en protégeant le Travailleur Domestique, le service rendu est meilleur et de qualité, un partenariat gagnant-gagnant au profit des différents acteurs. » Décrit Dr Arlette BWAKA BIKOULA, représentante OIT.

                              Dr Arlette BWAKA BIKOULA, OIT

Une hymne élogieux en guise de chant de ralliement des Amazones domestiques a retenti dans la salle pour booster le moral de ces travailleurs domestiques. Des paroles qui valorisent ce métier très ancien « Promouvons tous nos droits au Cameroun, nous sommes ce maillon très fort dans la chaîne de production de l’économie, l’équilibre social des familles c’est toujours les Travailleurs Domestiques. »
Madame Claudine Lucie Mboudou l’a souligné :  » Nous voulons que les travailleurs domestiques aient les mêmes avantages que les autres Travailleurs du monde »

Claudine Lucie Mboudou, ASDAM

Pour rappel mémoire, un café parlementaire est organisé par ces différentes organisations le 16 juin prochain. Une session de travail entre députés, sénateurs et acteurs de la société civile dans l’optique de valoriser les travailleurs domestiques.

Raissa Fouda

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