C’est une rocambolesque affaire qui défraie la chronique et alimente les commentaires dans l’arrondissement de Nkolafamba, situé à moins de 20 km de la ville de Yaoundé. Un chef traditionnel demande au sous-préfet des lieux de ne pas autoriser une manifestation publique en rapport avec le mariage de son neveu, le nommé Ekang Mveng Désiré. En effet, l’histoire concerne deux amants qui ont les mêmes liens de sang. Ils ont décidé de confirmer leur union à l’état civil bien qu’ils soient parentés. L’autorité traditionnelle estime que cette union porte atteinte aux Us et Coutume du peuple Beti.
Dans le communiqué adressé au Sous-Prefet, le Chef de village précise que : « Les deux amoureux sont cousins et petits fils de feu Mveng Wolfgang du groupement Mvog-Manga et de feu Bihina Paul, chef de village de Nkolo II, arrondissement de Nkolafamba ».
Le même communiqué précise qu’il y a eu auparavant, plusieurs assises familiales sans succès. Les deux tourtereaux malgré les conseils, les injonctions et les menaces de leurs parents d’arrêter cette idylle, continuent à faire la sourde oreille.
Ce mariage n’aura jamais lieu
La communauté s’est retournée contre les deux amoureux qui essaient de défier leurs parents. Zéro manifestation publique concernant ce mariage. Il faut souligner ici que ces deux amants ont procédé à la publication des bancs. Et comme d’habitude, l’officier d’état civil demande toujours au public s’il y a un cas ou fait qui peut entacher l’union, qu’il se prononce, à défaut le mariage est célébré après un délai d’un mois. Dans cette correspondance en date du 22 novembre 2021 adressée à l’autorité administrative, Sa Majesté Mveng Ndi, demande de ne délivrer à ces deux hors-la- loi coutumière, aucune autorisation de manifestation au nom de la revalorisation, de la promotion des Us et coutumes du peuple Beti et du respect strict de la chefferie traditionnelle. Chez le peuple Beti, le lien de sang est inviolable. Et dans ce cas de figure, il s’agit de l’inceste.
Comprendre au de-là de l’acte
L’on explique que l’interdiction de ce genre de mariage vise un certain nombre d’objectifs : Éviter que les enfants issus d’un tel couple ne soient victimes d’un certain nombre de maladies comme la drépanocytose. Ce d’autant plus qu’Afrique en général et au Cameroun en particulier, l’on songe difficilement à faire un test d’électrophorèse d’hémoglobine avant le mariage et d’autres examens prénuptiaux.
Sur un tout autre plan, l’inceste est condamné par la loi camerounaise. L’article 360 (1) du code pénal camerounais dispose que : « Est puni d’un emprisonnement de 01 à 03 ans et d’une amende de 20.000 à 500.000 FCFA, celui qui a des rapports sexuels avec ses ascendants, descendants légitimes ou naturels, sans limitation de degré, avec frères ou sœurs légitimes, naturels, germains, consanguins ou utérins ».
Au plan civil, tout mariage incestueux est frappé de nullité. Le mariage est nul et de nullité absolue. Au plan traditionnel, l’on considère que la famille à été déshonorée et la sanction ici est plus sévère car, l’on bannit du village, les deux amants. La dépravation des mœurs ne se pardonne pas.
Leçon
S’il y a des leçons à tirer dans ce fait divers, il faudrait remonter au mode de vie observé à l’heure actuelle dans les familles. Plusieurs parents ont oublié le chemin qui conduit dans leurs villages. Ils ne s’y rendent qu’en cas d’événements malheureux. Ils n’y vont pas avec les enfants passés quelques moments au village. Par conséquent, les enfants des uns et des autres ne se connaissent. La filiation s’enseigne au village dans les réunions de familles où l’on apprend à respecter la parenté. Résultat de course, on se retrouve avec des familles qui ne se connaissent et ne se reconnaissent pas.