Après la suspension de diffusion de ses médias France 24 et RFI au Mali, le groupe français se plaint et refuse d’admettre la décision des autorités maliennes. Associé au renouvellement des accords coloniaux, la fracture continue de s’élargir entre Bamako et Paris.

Les autorités maliennes sont claires et précises. Les médias français RFI et France 24 doivent fermer leurs portes au Mali. La décision a été entérinée le 17 mars dernier. Le groupe français Médias Monde n’avait pas imaginé voir le gouvernement malien aller si loin. Si un aphorisme populaire dit qu’il n’y a jamais de fumée sans feu, la décision de sanctionner RFI et France 24 selon les militaires au pouvoir, fait suite à la diffusion des vidéos et informations selon lesquelles, l’armée malienne commettrait des exactions contre les civils.  Selon toute vraisemblance, les autorités maliennes refusent de voir les avions militaires français sillonner leur espace aérien. Plusieurs experts en Relations Internationales qualifient le refus de la France d’obéir à cette volonté politique et stratégique du pouvoir de Bamako, d’espionnage et de subversion. Le gouvernement malien n’a pas hésité un seul instant à accuser justement les forces militaires françaises d’espionnage et de subversion.  D’aucuns s’accordent à dire que le peuple malien, dans sa quête de liberté doit soutenir ce que la France appelle, la junte au pouvoir : « RFI et France 24 ne jouent pas un bon rôle en Afrique. C’est des instruments de déstabilisation qu’il faut désormais éviter.  Le pouvoir de Bamako est dans son droit d’interdire ou de suspendre ces médias sur son territoire. Si on ne veut plus de toi dans un pays, il faut partir. Pourquoi insister ou refuser de partir. Vous comprenez que, comme ce sont des instruments d’espionnage et de déstabilisation, la décision du pouvoir de Bamako n’est pas acceptée par Amnesty International et autres qui jouent le même rôle en Afrique ».

 

L’entêtement

Le groupe français Médias Monde auxquels appartiennent RFI et France 24, pleure à chaudes larmes. Pour lui, il n’est pas question de ne plus être présent au Mali. Dans son communiqué publié après la décision du pouvoir de Bamako de suspendre ces deux supports médiatiques, il ressort que ce groupe aux abois, refuse d’admettre que RFI et France 24 n’ont plus droit de cité au Mali : « Nous continuerons à couvrir l’actualité au Mali qui intéresse l’Afrique toute entière comme le reste du monde. Toutes les solutions techniques seront mises en œuvre pour rendre accessible nos médias aux maliennes et aux maliens qui souhaitent continuer à recevoir une information libre, experte et ouverte sur le monde », peut- on lire dans ce communiqué.

Pour certains experts des questions internationales : « Il s’agit d’un acte de défiance d’un État souverain. La communauté internationale devrait y veiller. Mais hélas ! Quel est l’apport de ces médias au Mali ? Sont-ils encore crédibles auprès du peuple malien ? Non. Ce n’est pas en diffusant le résultat d’un acte d’espionnage qu’on aime les maliens. Du coup, on comprend que, la France veut s’appuyer sur ces médias pour contrôler le pays. Et les dirigeants maliens le savent.  En clair, la France n’est pas prête à quitter le Mali. Ça saute aux yeux.  Il ne serait pas surpris de voir le Mali faire face à une insécurité montée de toutes pièces dans l’optique de déstabiliser le pouvoir malien qui, ma foi ne demande que 02 ans pour tout mettre en place et organiser des élections libres et transparentes ».

 

Situation compliquée

« Le Mali n’est plus l’enfant bien aimé de la France depuis la prise de pouvoir par les militaires qui entendent donner au peuple, sa liberté ». A en croire ce politologue « La France veut rapidement un civil au pouvoir, quelqu’un avec qui, elle peut renouveler les accords coloniaux dont les militaires au pouvoir n’entendent pas renouveler. La CEDEAO est sous pression car, elle n’est composée que des présidents qui estiment que c’est la France qui les maintient au pouvoir. Vous voyez son agitation. Or, à l’heure actuelle, l’Afrique subsaharienne a besoin des leaders, des chefs d’État capables de dire non à la France, Non à ces accords qui maintiennent les peuples africains dans l’esclavage.  Je félicite d’ailleurs ces États africains qui commencent à le comprendre. Et seuls, les militaires peuvent dire non. Vous voyez le Mali, le Burkina Faso, le Burundi… Le Cameroun et la RCA sont dans cette logique. D’où l’ouverture des portes à la Russie qui pourra jouer un rôle majeur en cas de tentative de déstabilisation. L’émergence de l’Afrique ne viendra jamais de la France alors, il faut ouvrir les portes à des pays comme la Russie, la Chine, la Corée du Nord qui visiblement forment déjà leur camp. Ils sont prêts à aider l’Afrique parce qu’ils veulent se positionner sur la scène internationale. Ce que l’Union Européenne et les États-Unis n’entendent pas de cette oreille ».

 

 source photos: RFI – France 24

Jean Baptiste Bidima.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici