La France a informé l’activiste suisso-camerounaise Nathalie Yamb de son interdiction d’entrée et de séjour sur le territoire français. Dans cet arrêté du 12 janvier 2022, les autorités françaises lui reprochent d’attiser un sentiment anti-français sur le continent africain et de tenir des propos virulents à l’égard de la France.
Cette décision prise à l’encontre de l’activiste d’origine camerounaise vient remettre en cause les capacités diplomatiques souvent connues à la France dans le règlement de certains conflits. Au fonds aucune preuve tangible ne permet au pays d’Emmanuel Macron de prendre une telle décision sauf des supputations. En effet, celle qui se fait appeler la « dame de Sotchi » est accusée de promouvoir le sentiment anti français en Afrique et de faire la propagande russe. D’ailleurs, le chercheur Maxime Audinet, spécialiste de la stratégie d’influence russe en Afrique affirme que Nathalie Yamb est effectivement devenue l’une des actrices de la lutte entre Paris et Moscou. Il souligne que : « C’est une figure militante qui se réclame d’un panafricanisme radical et qui, du fait de ses positions hostiles à la présence française, a été cooptée par tout un réseau d’acteurs russes, notamment ce qu’on appelle la galaxie Prigojine, c’est-à-dire un ensemble d’organisations, de fondations, de médias qui sont liés à Evgueni Prigojine, le célèbre sponsor du groupe Wagner. Je pense notamment au moment où en décembre 2019, Nathalie Yamb a été invitée par la Fondation pour la défense des valeurs nationales [organisation russe liée au réseau Prigojine, NDLR], mais aussi coopté par un groupe qui s’appelle Afric ». Voilà des déclarations qui semblent avoir motivé la décision du gouvernement français.
Pourquoi Nathalie Yamb fait-elle peur à la France ?
Il ne fait l’ombre d’aucun doute que, la suisso-camerounaise détient un énorme potentiel d’influence capable de contrôler l’opinion mondiale en générale et africaine en particulier. Elle est suivie par plus de 200 000 personnes sur Twitter et sur YouTube. Très présente sur les réseaux sociaux depuis une quinzaine d’années, cette activiste de 53 ans se fait véritablement remarquer en octobre 2019, à l’occasion du premier sommet Russie-Afrique organisé à Sotchi. Elle avait exprimé son mécontentement à l’endroit de la France qui « considère toujours le continent africain comme sa propriété ». À partir de là, son discours panafricain, anti-impérialiste et ses sorties contre la France, qu’elle accuse de néo-colonalisme vont trouver un certain écho sur le continent africain. Sa force communicationnelle pourrait être une arme de poids aux mains de l’adversaire russe dont elle est jusqu’ici soupçonnée de rapprochement.
La France serait-elle au bord de l’agonie en Afrique ?
Alors que le pays est en perte de vitesse dans ses relations avec certains pays d’Afrique à l’instar du Mali, la RCA et le Burkina Faso, Paris s’en prend plutôt à une dame qu’il taxe de responsable de ses échecs en Afrique. « C’est honteux de s’en prendre à une femme sans défense. La France devait normalement s’attendre à ce qui lui arrive aujourd’hui en Afrique, vous ne pouvez pas piller et assujettir des Peuples pendant toute une éternité », déclare Rostand observateur de l’actualité internationale. Allant dans le même sens Hubert Tchami, panafricaniste dans l’âme estime que c’est le temps de Dieu : « Le temps de Dieu est le meilleur. Ce temps est arrivé pour que la France comprenne que l’Afrique n’est la chasse gardée de personne. Si hier c’était possible, aujourd’hui c’est plus le cas, les mentalités ont évolué et les nouveaux leaders africains ne sont plus les produits de la colonisation à la mentalité corrompue. Ils ne sont plus ceux à qui on avait enseigné heureux les pauvres le royaume des cieux vous appartient et vos richesses nous appartiennent. Ils ont évolué et s’affirment désormais. » A croire ces déclarations, l’acharnement de la France sur Nathalie Yamb est contre productif et pourrait contribuer à envenimer une situation déjà tendue.
