Au moment où l’on célèbre la 42e journée mondiale de l’alimentation, la communauté internationale croupit sous le poids d’une crise alimentaire exacerbée par la crise russo-ukranienne. Au Cameroun, la situation plonge davantage des milliers de familles dans la faim, la famine et la pauvreté.
La journée mondiale de l’alimentation mérite-t-elle encore d’être célébrée avec faste et solennité ? La question est sur toutes les lèvres au moment où le monde connaît une grave crise alimentaire. Au moment où un doigt accusateur pointe le conflit russo-ukranien, l’autre montre une politique alimentaire mondiale qui a fait faillite. D’aucuns estiment que l’insécurité alimentaire a fait son bonhomme de chemin au vu et au su de tous sans que l’on n’y prenne garde.
Les chiffres s’annoncent plus palpitants et inquiétants car, selon l’ONU et le Programme Alimentaire Mondial, près de 650 millions de personnes pourraient être frappées d’une insécurité alimentaire en 2030. En 2020, l’on parlait déjà de 828 millions de personnes qui souffriraient de la faim en 2021. Ce qui présageait déjà un ciel obscur pour 2022. Malgré toutes les mesures prises pour parer au plus pressé, 193 millions de personnes dans 53 pays à travers le monde n’ont pas été épargnées par la crise alimentaire. Chiffre qui représentait déjà une augmentation de 40 millions de personnes par rapport à 2020. L’on comprend en filigrane que la faim et la famine sont loin d’être anéanties.
Plusieurs pays africains ont donc célébré la 42e édition de la journée internationale de l’alimentation dans la douleur puisque, l’enfantement d’une sécurité alimentaire tarde au fur et à mesure que le temps et les années passent. L’Éthiopie, le Soudan du Sud, la République centrafricaine entre autres en souffrent. Le Cameroun considéré comme le vivier de l’Afrique centrale a le ventre vide. Disposant de plus de 07 millions d’hectares de sol cultivables et 05 zones agro écologiques, les statistiques font état de plus de 2,8 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire. Pourtant, le secteur agricole à lui seul occupe 60% de la population active. Les seigneurs de la terre ne parviennent plus à assurer aux camerounais l’autosuffisance alimentaire. Ce qui veut dire également que le Cameroun importe plus qu’il n’exporte de denrées alimentaires. La crise russo-ukrainienne est venue rendre la situation plus compliquée. Car, le simple blé a fait grimper le prix du pain. L’on ne saurait occulter la flambée des prix des produits de grande consommation. Devant la barre, l’on indexe les troubles climatiques, les conflits sociopolitiques dans certaines régions du pays, les techniques culturales désuètes, l’utilisation approximative des engrais.
Solutions
Pour que la journée mondiale de l’alimentation garde tout son sens, il faudrait bien repenser une autre politique alimentaire mondiale. De l’avis des experts, il serait souhaitable pour l’Onu et le programme Alimentaire Mondial de faciliter l’accès au transfert de technologies dans la conservation des aliments ; offrir aux pays en détresse des moyens de production et non des aides alimentaires qui créent plutôt un état de dépendance vis-à-vis des pays riches.
Au sein des pays touchés par la faim et la famine, l’on préconise l’amélioration de la production par l’adoption et la mise en pratique des techniques culturales modernes.
La mécanisation et l’utilisation des intrants agricoles, l’adoption des techniques modernes de conservation des aliments entre autres. Il faudrait aussi selon ces experts, encourager les jeunes aux métiers de la terre. Les politiques éparses de financement des jeunes devraient être coordonnées. Car, le trop plein d’acteurs dans le secteur agricole tue l’agriculture. Les politiques commerciales tournées vers l’extérieur sont une entrave à la sécurité alimentaire.
D’aucuns estiment que la lutte contre la vie chère ne doit pas être un canular voire une simple vue de l’esprit. Des moyens de contrôle et de répression des fraudes devraient être une priorité si ON veut éviter des troubles sociaux et des émeutes de la faim. Le Cameroun par exemple garde encore le triste souvenir des émeutes de la faim de février 2008.