À quelques jours de la célébration de la 51è édition de la fête nationale de l’unité, nombreux sont ces camerounais, toutes générations confondues qui estiment que le slogan Unité Nationale est loin d’être un acquis dans une société camerounaise totalement divisée.
On nous traitera certainement d’ennemis de l’unité nationale car au Cameroun une certaine vérité pourtant vraie et indiscutable est toujours perçue par ceux qui considèrent le Cameroun comme leur seule propriété, comme étant une exagération voire ennemis du Cameroun. N’en déplaise. Depuis 51 ans déjà, les camerounais sont rabâchés chaque année, lorsque survient la célébration de la fête de l’unité nationale le 20 mai, les camerounais sont rabâchés disions-nous par des slogans, des paroles et des discours visant à exalter l’unité nationale et le vivre ensemble, pour satisfaire une certaine soif politique loin des réalités sociales qui, loin de nous unir, nous divisent et nous éloignent même de cette unité nationale.
Loin de convoquer ici le couple armée nation mis en avant à chaque célébration du 20 mai, parlons de l’unité nationale vécue au quotidien. L’unité de corps, l’unité d’esprit mais certainement pas unité dans le partage ni dans la redistribution des richesses nationales. L’unité nationale suppose l’évolution en un bloc solide, construit dans la recherche d’un idéal commun, dans la satisfaction des besoins communs sans disparité ni relégation. On parle de l’unité nationale, une unité qui englobe tous et tout, qui transperce les différences pour se placer au-dessus de tous. Est-ce de cette unité nationale dont il est question au Cameroun ? Certainement pas.
Sinon comment parler d’unité nationale dans une confiscation de richesses par un groupe minoritaire? Comment parler d’unité nationale lorsque ce sont les mêmes qui partagent le gâteau depuis plus de 50 ans? Comment parler d’unité nationale alors que des milliers de jeunes quittent le pays chaque année à la recherche d’un avenir meilleur ? Peut-être que c’est nous qui ne cernons pas assez cette notion, ou tout simplement qu’elle a d’autres entendements, surtout lorsqu’elle conforte ceux qui veulent la manipuler à leur guise.
L’unité nationale au Cameroun c’est certainement se taire et regarder comment les autres spolient le pays, créent des paradis fiscaux, luttent entre eux pour le contrôle du pouvoir, et viennent donner les restes de la table au peuple, le vrai, détenteur de tous les pouvoirs. Peut être l’unité nationale au Cameroun c’est lorsque les camerounais passent une semaine sans la moindre énergie électrique en plein Yaoundé la capitale, c’est lorsque les camerounais ont abandonné les robinets secs pour s’abreuver dans des sources non aménagées, voilà peut-être là la vraie unité nationale. Qu’on cesse de nous parler de l’armée et de la nation, car même ce ” couple ” présente des failles et des faiblesses car l’unité nationale est en faux.
En faux comme le vivre ensemble exalté depuis des lustres.
Le vrai vivre ensemble réside certainement dans la classe pauvre. Oui au Cameroun on vit ensemble car partageons le même territoire mais on est pas ensemble car tout nous sépare. La terre nous unie aux forceps mais les inégalités nées du sectarisme, du tribalisme nous divisent chaque jour. On nous dira que le vivre ensemble est un fait au Cameroun car l’intégration culturelle y a fait son mélange, oui certainement mais si les camerounais du nord épousent ceux du Sud, si les camerounais de l’Ouest épousent ceux de l’Est c’est simplement au nom de l’amour et aucunement dans une volonté de promouvoir le vivre ensemble encore que très peu savent de quoi il est réellement question.
Que vaut véritablement le vivre ensemble devant un ventre à la recherche de sa pitance?
Qu’on cesse d’embrouiller les camerounais sur une Unité centrale nationale en otage et dont les ravisseurs ne sont autres que ceux qui passent leurs temps à en exalter l’effectivité.
Les fondements de l’unité nationale sont jetés en pâture au profit de l’ethnicité et du tribalisme. Voilà le vrai débat.