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samedi, 27 juillet 2024

Le Cameroun dans le labyrinthe des emprunts sans lendemains

Le pays leader de la sous-région ne cesse d’accumuler des dettes par le biais de nombreux modèles d’acquisition des fonds sans que ceux-ci ne parviennent véritablement à impulser le développement recherché.

En se gargarisant sur toutes les plateformes de communication quant à la réussite d’un nouvel emprunt obligataire à taux multiples de 150 milliards de FCFA, effectué en fin juin dernier sur le marché financier de la Cemac, les autorités de Yaoundé confirmaient la confiance qu’ont encore les investisseurs sur le Cameroun malgré la conjoncture économique mondiale actuelle. Une belle opération dans sa forme car tout Etat pour des besoins de développement devrait recourir parfois à des emprunts publics. Cependant dans le fond, nombreux sont les experts et observateurs de la scène publique camerounaise qui interrogent la finalité de ces transactions financières qui n’acheminent le plus souvent pas vers les besoins attendus.

Des inquiétudes des spécialistes de tout ordre, perceptibles en scrutant la quasi-totalité des chantiers engagés sur l’ensemble du territoire. Les projets structurants initiés au lendemain de l’atteinte de l’Initiative Pays Pauvres Très Endettés en 2006. Un programme économique qui a pourtant entrainé une remise de la dette de la part du FMI et de la Banque mondiale à hauteur de 229 millions de $ américains soit environ 114, 500 milliards de FCFA échelonnée entre 2006-2054. Ainsi, les projets de développement qui se sont poursuivis tout au long de la matérialisation de la première phase du Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi lors de la décennie 2010-2020 sont pour la grande majorité en cours voire abandonnés. Avant de lister quelques-uns de ces projets, il est loisible de rappeler que pour le gouvernement dont l’essentiel de la matière grise se trouve logé à Etoudi, un « grand projet » est celui dont le coût des investissements représente au moins 1% des dépenses budgétaires annuelles.

                         Grands projets inscrits dans la Loi de finances 2021

Intitulé du projet Coût global

(en milliards FCFA)

Taux de

réalisation au

31/12/2020

(en %)

 

Date prévue de réalisation du projet
Projet d’Aménagement hydroélectrique de Memve’ele (211MW) 380 87  2012-2018
Projet de construction d’un aménagement hydroélectrique (75) MW à Warak sur la BINI avec ligne de transport 178,3 9 2012-2016
Usine de pied du Barrage réservoir de Lom Pangar 73,9 9 2012-2016
Projet d’Alimentation en Eau Potable de la Ville de Yaoundé et ses environs (PAEPYS) 588,9 64 2016-2021
Projet de remise à niveau des réseaux de transport d’électricité et de réforme du secteur 190,9 5 (2016-2020)
Projet de construction de l’autoroute Yaoundé-Douala (phase 1) 284 92 2013-2017
Projet de construction de l’autoroute Edéa-kribi (lot1), Kribi-Lolabé 226,5 88 2015-2018
Entrée Est de la ville de Douala (Phase 2) 146,2 6 2016-2019
Construction du port de Kribi (phase 2) et du système d’alimentation en eau potable du port de Kribi et de ses dépendances 481 21 2017-2020

Source : budget citoyen 2021

Des projets importants pour l’atteinte de l’émergence à l’horizon 2035     qu’on clame plutôt qu’on ne le matérialise sur le terrain car il ne se passe une semaine sans que cette date ne soit évoquée dans un discours d’un des bras séculiers de cette vision. Une dynamique qui se fonde sur de nombreux emprunts à court ou moyen terme dont-on sait ne sont pas propices pour le développement. En effet, le développement d’un pays ne saurait se faire sur la base d’une facilité élargi de crédit comme c’est le cas avec le FMI et encore moins sur la base des dettes publiques qui reposent en grande partie sur des emprunts obligataires dont le 7ème depuis 2010 se célèbre tambours battant au sein des administrations chargées de financer l’économie camerounaise.

Un échec de vision, connu sans doute des experts et autres managers à la tête de ces structures de gestion de la fortune publique. Ce ne saurait être des études dans les prestigieuses universités de la Sorbonne (France) ou encore Yale (USA) qui permettraient de comprendre que le développement d’un pays se fait sur la base de ses recettes propres et que les emprunts ne sont que des ressources d’appoint. Selon la note de conjoncture mensuelle publiée le 25 juin dernier par la Caisse Autonome d’Amortissement (CAA), la dette publique auprès des partenaires extérieurs est estimé à 7999 milliards de FCFA au 30 juin 2023 soit 28,9% du Produit Intérieur Brut à cela il faut ajouter les près de 8000 milliards FCFA de dette intérieure. Face à cette réalité, il est impératif de mettre sur pied des activités génératrices ou des projets productifs capables de rembourser à date ces montants reçus des personnes morales ou physiques. L’emprunt ne saurait être une mauvaise technique de financement mais tout dépend de l’orientation qui est faite de cette dernière et jusqu’à date la grande majorité des grands projets (Autoroutes, Ports, Barrages etc.) initiés par le Cameroun ne sont pas assez rentables pour espérer rembourser ces dettes et donner aux érudits des sciences économiques des espoirs en vue d’une émergence du pays dans les 12 ans qui restent pour y parvenir.

Par Brice Ngolzock

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