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samedi, 27 juillet 2024

Gouvernance : Echec prévisible de la Stratégie Nationale de Développement

Le plan de croissance envisagé par le Cameroun au cours de la décennie 2020-2030 affiche déjà des signes d’un nouvel éléphant blanc.

Le Cameroun tient jusqu’au 25 août prochain les conférences élargies de programmation budgétaire et de performance associée, sous la conduite du Ministère camerounais de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire et du Ministère des Finances. Des travaux qui visent à sélectionner les projets prioritaires du pays au cours du triennat 2024-2026 afin de mieux conduire le processus de développement prévu déjà dans la fameuse Stratégie Nationale de Développement mieux connue sous le sigle SND30. Un moment important de la vie publique qui ouvre par la même occasion la boite de pandore quant à la vision prochaine d’un développement du pays tel que stipulé dans la SND30. Trois ans après la matérialisation de ce plan on peut bien faire le constat que des signes précurseurs d’une nouvelle déconvenue des prévisions relatives à une vision d’Emergence à l’horizon 2035 se dessinent à nouveau.

Un échec visible à travers des facteurs exogènes et surtout endogènes marqués par une hausse quotidienne des prix des denrées alimentaires et autres produits de grande consommation avec des risques permanents d’embrasements sociaux. Les craintes sont nombreuses selon certains observateurs avertis à l’instar de l’Economiste Dieudonné Essomba qui rappelait depuis une demie dizaine d’années que l’approche par promotion des importations serait au centre du déclin de l’économie déjà assez fragile du Cameroun. Comment un pays qui se prend au sérieux peut-il importer jusqu’au simple cure-dents ? S’interrogeait-il. Une réalité quasi avouée par les autorités en charge de la planification économique et financière du Cameroun. « L’analyse de l’environnement économique et géopolitique mondial permet de relever que le Cameroun est sujet à des chocs de nature à influencer son évolution sur les sentiers de l’émergence. L’atteinte des objectifs du développement du pays est ainsi subordonner à plusieurs facteurs tels que les révolutions dans les domaines technologiques, le contexte sécuritaire, les contraintes environnementales et sanitaires.» Affirmait le 01er aout dernier Paul Tasong, le ministre délégué auprès du ministre de l’Economie de la Planification et de l’Aménagement du Territoire chargé de la Planification lors de la 1ère édition des Journées Camerounaises de la Prospective.

Une inquiétude légitime car selon le nouveau plan de développement du Cameroun, étalé sur la décennie 2020-2030 (SND30), quatre phases (2020-2021 ; 2022-2024 ; 2025-2027 ; 2028-2030) seront indispensables. La SND30 se base sur des réformes clés dont la refonte des Cadres Stratégiques de Performance des Programmes a pour ambition d’avoir 8% de taux croissance moyen sur la décade. Cependant le pays de Paul Biya Sur la base de son plan de relance enregistre un taux de croissance en baisse de 0,7% en 2020 contre 3,7% en 2019 du fait de la pandémie. Une courbe qui devrait être évolutive qui sera de 3,6% du PIB (Produit intérieur brut) en 2021 et de 3,4% en 2022. Pour cette année ce taux est estimé à 3,8%, des statistiques qui sont bien loin des perspectives envisagées dans la SND30 et tout aussi en décalage avec la fameuse vision des gestionnaires des comptes publics, de faire du Cameroun : « Un pays émergent, démocratique et uni dans sa diversité à l’horizon 2035 ».

Alors le Cameroun peut-il logiquement rattraper le retard qui se creuse de plus en plus trois ans après le lancement officiel du nouveau Document de Stratégie vers l’atteinte de l’Emergence du pays ? Les prémices d’un nouvel échec de la seconde phase de la vision 2035 ne sont-elles pas visibles à ce stade du processus ? Des interrogations rhétoriques quand on fait une rétrospection de la première phase avec le Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi entre 2010 et 2019. Un plan qui entrevoyait au cours de cette décennie, d’accroitre substantiellement le niveau de vie des populations avec une croissance moyenne de 5,5% ; De créer annuellement lors de ces années des milliers d’emplois formels en réduisant de façon conséquente le sous-emploi de plus de 40 points, faisant passer ce dernier à 50% en 2020.

Par ailleurs, ce plan devait ramener le taux de pauvreté monétaire de 39,9% à en 2007 à 28,7% en 2020. Des indicateurs en totale inadéquation avec la réalité actuelle où le pays n’a pu jusque-là franchir un taux de croissance moyen de 4% lors de cette décennie d’étape. Comme le signifiait Gaston Berger à ses contemporains au début des années 1950: « Notre civilisation s’arrache avec peine de la fascination du passé. De l’avenir, elle ne fait que rêver et lorsqu’elle élabore des projets qui ne sont plus de simple rêve, elle les dessine sur une toile où c’est encore le passé qui se projette. Elle est rétrospective avec entêtement, il lui faut devenir prospective.» Le Cameroun gagnerait donc, à anticiper sur cette déconfiture future en réduisant les lenteurs et en mettant sur pied des mesures idoines dans le processus de développement de nombreux secteurs, ceci éviterait objectivement d’inquiéter même les plus grands fanatiques et autres thuriféraires du régime quadragénaire de Yaoundé.

 

Brice Ngolzok

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