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mardi, 3 décembre 2024

Crise de l’enseignement : La décrépitude continue de l’éducation au Cameroun

Plusieurs éléments combinés sont à l’origine du déclin de ce système dont les manquements ne cessent de déstructurer ce secteur crucial du développement d’un pays.

Voici à nouveau la rentrée scolaire avec son lot de stress pour les parents. Cette année 2023-2024 c’est plus de 08 millions de jeunes qui vont reprendre le laborieux chemin du savoir, initié par Charlemagne vers le 08eme siècle de notre ère. Neuf mois de labeur qui commencent dès ces premiers jours de classe ou des engagements doivent être pris à la fois psychologiquement mais davantage physiquement pour atteindre le résultat escompté à la fin de l’année avec pour seul et unique secret: le travail. Un beau tableau se dessine dès lors, du moment où les notions de base sont assimilées mais ce n’est sans doute pas les ingrédients du succès qui constituent notre grammaire de cette semaine, mais le grand déclin qui entoure notre système éducatif.

Le pertinent philosophe Ebénézer Njoh-Mouelle, dans Jalons III : problèmes culturels affirmait : « Comment oublier en effet qu’au sein de la plus petite communauté humaine qui soit (physiquement parlant), la famille, comme au sein de la plus grande, la nation, nous rencontrons des égoïstes, des hypocrites, des traîtres, des voleurs, des irascibles, bref des hommes presqu’entièrement soumis à la pesanteur des sens sous toutes ses formes ? des hommes gouvernés par l’anti-raison, c’est-à-dire par cela même qui ne réussit qu’à les opposer les uns aux autres autour des intérêts concurrentiels ou divergents, des luttes intestines, la passion du pouvoir et de la gloire ! »

Au demeurant dans ses écrits l’ex ministre de la Communication ne s’intéresse pas qu’aux relations conflictuelles entre les Hommes mais s’inquiétait et dénonçait aussi cette série de problèmes relatifs a l’encerclement des cercles savants, en s’appuyant sur l’étreinte suffocante que les dictatures successives du Cameroun ont imposée aux enseignants et aux étudiants. Une guerre qui souvent a entraîné une aliénation culturelle se manifestant sur une sélection partisane des ouvrages mis à la disposition de nombreux apprenants. Une tribalisation du corpus d’enseignement quasi-invisible pour le profane observateur qui s’est poursuivi au début des années 1970 avec une approche nouvelle et handicapante pour le système éducatif. Par cette segmentation inéquitable, qui prenait le pas sur la riche diversité qu’offre le Cameroun en termes de littérature.

Nous y reviendrons dans une autre tribune car cet embastillement de l’ordre gouvernant n’a pas échappé au système éducatif de plus en plus englué dans un tâtonnement permanent de la main à la patte jusqu’à l’approche par compétence en passant par l’approche par objectif on ne sait si l’assimilation recherchée ne se résume pas qu’a l’organisation et la multiplication des séminaires avec à la clé, les commodités qui s’enchaînent en termes d’articles 2. Une chose reste observable, c’est cette fracture permanente d’un système éducatif entre d’un côté, l’État dominateur et dictateur qui ne manque de s’appuyer sur ses forces de 01ere, de 02eme voire de 03eme catégorie pour humilier ces hommes et femmes qui sacrifient leur vie pour tenter de redresser une jeunesse dont la quasi-totalité des repères se trouvent parfois impliqués dans affaires incroyables de mœurs et de l’autre côté, ces clash permanents et inexplicables entre les enseignants et les apprenants qui invitent simplement aux questionnements.

Un paysage conflictuel entre les intérêts, la domination du corps enseignant, l’absence réel de programme scolaire et académique adaptés, la clochardisation des enseignants, l’embastillement des étudiants, les répressions barbares qui sanctionnent toutes les contestations légitimes de ces derniers et la tribalisation du répertoire d’enseignement littéraire. Tout ces maux combinés, on aboutit simplement à une absence du Cameroun dans le top 200 des meilleures universités d’Afrique, ceci depuis bientôt une demie décennie. Une belle prouesse pour un pays qui marche sur le chemin de son émergence dans 13 ans.

Il reste une chose, c’est bien de repenser le système éducatif camerounais de fond en comble. Se poser les questions essentielles à savoir l’enseignement général avec son catalogue désuet de leçons sur les Appalaches d’Europe, les îles du Japon, l’empire Ottoman ou encore l’histoire des savants occidentaux sont-elles de nature à créer des apprenants adaptés au monde de l’emploi? Sur la voie de l’émergence qui est un concept premièrement économique n’est-il pas important d’avoir une masse critique de techniciens plus que de technocrates ? La réponse dont l’évidence saute aux yeux de tout observateur appelle à des états généraux de l’éducation au Cameroun et cela urge.

Par Brice Ngolzock

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